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PHYSIOLOGIE ANIMALE (histoire de la notion)

Aristote avait nommé « physiologues » les philosophes grecs présocratiques qui avaient proposé une explication générale de la nature des choses par le recours à quelque élément fondamental (eau, air, feu) ou à quelque composition d'éléments. De là, initialement, la dénomination de physiologie pour toute spéculation sur la nature en général, dénomination maintenant abandonnée au profit de celle de physique, ou science de la nature (physis).

Définitions de la physiologie

Le terme de physiologie, dans son sens de « science des fonctions du corps humain en état de santé », semble avoir été utilisé, pour la première fois, par le médecin Jean Fernel (1497-1558), pour désigner, en 1554, dans son livre Universa medicina, la reproduction d'un traité de 1542, De naturali parte medicinae, dont la préface contenait déjà ce terme. Dès lors et depuis, la physiologie a été présentée comme une discipline, dans le domaine médical, distincte de la pathologie et, dans l'esprit de la plupart des médecins, lui servant de fondement préalable. Longtemps exposée comme un chapitre ou une partie dans un traité général de médecine, la physiologie a obtenu, au xviiie siècle, le statut universitaire ou académique d'un enseignement spécialisé, à base de traités spécialisés, dont le plus célèbre est celui d'Albert Haller (1708-1777), connu sous le titre de Elementa physiologiae, en huit volumes (1757-1766). De ce traité Jean Sénebier, dans son Éloge d'Albert Haller (1778), a écrit : « La Physiologie est la base de la Médecine, elle présente à celui qui l'exerce l'état naturel de la machine qu'il doit entretenir en prévenant les dérangements qui la menacent, et en les réparant quand ils sont arrivés. Cette Science est une des parties les plus difficiles de la Physique, elle demande presque la connaissance de toutes les autres. Il faut avoir approfondi l'Anatomie : si l'on n'avait pas observé dans le plus grand détail toutes les parties de nos organes, il serait impossible de pouvoir en pénétrer le jeu. Il faut avoir solidement étudié la Physique générale, la Mécanique, l'Hydrostatique, la Pneumatique, l'Optique, l'Acoustique, la Chimie, pour comprendre divers Phénomènes qui seraient incompréhensibles si l'on ne possédait pas parfaitement les principes de ces Sciences, et pour faire des découvertes au milieu de cette foule de cas qui ne sont pas encore bien connus. » Ainsi comprise, la physiologie apparaît comme une somme d'applications à l'organisme animal des lois générales établies par d'autres sciences à la fois plus anciennes et plus avancées, plutôt que comme une science maîtresse et responsable de ses objets et de ses méthodes. Déduites de la structure organique exhibée par l'anatomie, et assimilées, en fin de compte, à certains procédés d'une chimie qui attend encore, à l'époque, son statut de science positive, les fonctions de l'organisme, dans la physiologie de Haller, sont imaginées et reconstruites beaucoup plus qu'elles ne sont expérimentées.

Hermann Ludwig Ferdinand von Helmholtz - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Hermann Ludwig Ferdinand von Helmholtz

Il faut attendre le xixe siècle pour que la physiologie devienne, explicitement et systématiquement, une science de type expérimental, soit en France, avec le Précis élémentaire de physiologie (1816 ; 4e éd., 1836) de François Magendie (1783-1855), soit en Allemagne avec le Handbuch der Physiologie des Menschen (1834-1840 ; 4e éd., 1844) de Johannes Müller (1801-1858). Mais l'esprit est bien différent chez l'un et chez l'autre. Alors même que Magendie revendique pour la physiologie la qualité de « romantique », il entend par là une recherche intégralement expérimentale, limitée dans son objet à l'organisme animal. Tandis que Johannes Müller, dans les « Prolégomènes » de son manuel, reconnaît à la physiologie juridiction sur le domaine universel des phénomènes organiques,[...]

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Hermann Ludwig Ferdinand von Helmholtz - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Hermann Ludwig Ferdinand von Helmholtz

Planche de la <it>Fabrica</it> - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Planche de la Fabrica

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Squelette humain (côté dorsal)

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