PHYSIQUE Les fondements et les méthodes
Le connu et l'inconnu
Il ressort du panorama précédent qu'une grande partie de la physique repose sur des éléments connus. Cela ne signifie pas, évidemment, qu'il n'y ait plus rien à découvrir en physique des solides ou en chimie, par exemple, mais plutôt que l'on s'attend à ne rencontrer que des applications nouvelles ou des effets non encore détectés, qui ne remettront pas en question le soubassement microscopique, ni ses lois fondamentales. Dans ces domaines, que l'on qualifiera de connus en ce sens, les problèmes constituent apparemment une extension « horizontale » sans approfondissement essentiel. La liaison directe entre ces problèmes et les fondements est d'ailleurs souvent rendue très difficile par la complexité des questions que l'on se pose, ce qui rend parfois une analyse théorique à partir des fondements pratiquement irréalisable et bien souvent de peu d'intérêt.
Quelles sont donc les frontières actuelles de l'inconnu qui soient clairement marquées ? Il semble que la liste des principales se présente ainsi :
– Peut-on unifier l'ensemble des interactions électro-faibles et fortes en une seule interaction unitaire ? Peut-on les unifier avec la relativité générale, c'est-à-dire la structure même de l'espace-temps ?
– Il demeure des problèmes très difficiles dans les fondements de l'électrodynamique : pourquoi existe-t-il une particule (le muon, ou μ) qui semble n'être qu'un électron plus lourd que l'autre ? Peut-on calculer la charge de l'électron ?
– Peut-on concilier dans le détail la relativité générale et la mécanique quantique ? Faut-il quantifier la relativité générale, et comment ?
– Peut-on, en particulier, comprendre l'Univers dans son ensemble à partir des lois actuellement connues de la physique ? En d'autres termes, peut-on reconstituer l'histoire de l'Univers et expliquer ce qui s'y observe (matière, galaxies) à partir d'hypothèses simples et constituer une théorie vérifiable ?
– Les fondements de la mécanique statistique à partir de la mécanique quantique ne sont pas encore entièrement satisfaisants. En particulier, les phénomènes thermodynamiques irréversibles ouvrent un vaste champ à la recherche. L'étude de ces questions a profondément renouvelé la notion même de déterminisme en mécanique classique.
– Il est apparu que notre conception de la mécanique classique, bien que correcte dans ses fondements, avait été trop marquée par les exemples analytiquement calculables et que la plupart des systèmes très complexes développent au cours du temps un comportement quasi aléatoire qui marque le rôle de courbes limites singulières, les attracteurs étranges, qui n'ont pas en général de dimension spatiale entière. Cela en fait des objets qui ne sont ni des courbes, ni des surfaces, ni des volumes, dont une des manifestations la plus remarquable est constituée par le phénomène de la turbulence.
– L'accumulation des données nouvelles en astrophysique multiplie à l'heure actuelle les questions ouvertes.
– Enfin, et c'est là le plus grand problème, comment la vie s'insère-t-elle dans le cadre de la physique ?
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Roland OMNÈS : professeur à l'université de Paris-Sud, Orsay, doyen de la faculté d'Orsay
Classification
Médias
Autres références
-
PARTICULES ÉLÉMENTAIRES
- Écrit par Maurice JACOB et Bernard PIRE
- 8 172 mots
- 12 médias
Les physiciens poursuivent l'étude de la structure de la matière dans le but de trouver plus d'unité et de simplicité dans un monde qui nous frappe par sa diversité et son apparente complexité. N'est-il pas remarquable de pouvoir ramener la variété quasi infinie des objets qui nous entourent...
-
ACTION & RÉACTION, physique
- Écrit par Jean-Marc LÉVY-LEBLOND
- 1 498 mots
C'est avec la troisième loi de Newton (1642-1727) que le mot « action » entre dans le vocabulaire scientifique, avec un sens à vrai dire assez ambigu. Il s'applique à la dénomination de la force exercée par un corps sur un autre, la loi en question affirmant alors qu'elle est toujours égale à la force...
-
ANTIMATIÈRE
- Écrit par Bernard PIRE et Jean-Marc RICHARD
- 6 931 mots
- 4 médias
L'antimatière exerce une certaine fascination : le grand public, les lecteurs de revues scientifiques et même les spécialistes ont un peu le vertige à l'énoncé de ses propriétés. En effet, si 1 gramme d'antimatière était mis en contact avec 1 gramme de matière ordinaire, il se produirait une annihilation...
-
ARISTOTÉLISME
- Écrit par Hervé BARREAU
- 2 242 mots
- 1 média
...d'Elée sur l'impossibilité du mouvement. Cette réfutation était importante dans la perspective d'Aristote qui voulait accorder un statut scientifique à la physique, dont il faisait une science plus haute que les mathématiques puisqu'elle portait sur la substance mobile, et non, comme ces dernières, sur la... - Afficher les 118 références