- 1. Histoire de la phytopathologie
- 2. Maladies des plantes et symptômes
- 3. Diversité des agents pathogènes
- 4. Virulence des agents pathogènes
- 5. Diversité des défenses des plantes
- 6. Réponses immunitaires des plantes
- 7. Coévolution virulence-défense et niveaux de résistance aux maladies
- 8. Comprendre pour protéger
- 9. Bibliographie
PHYTOPATHOLOGIE
Rouilles, mildious, oïdiums et autres maladies des plantes sont autant de mots imprimés dans la mémoire collective des hommes, tant ils sont évocateurs d’épidémies aux conséquences multiples. C’est à l’étude des maladies parasitaires des plantes que se consacre la pathologie végétale ou phytopathologie. Elle n’a émergé qu’au début du xixe siècle comme discipline scientifique, bien que la prise de conscience des maladies végétales ait été bien antérieure, sans doute contemporaine des débuts de l’agriculture, voilà plusieurs millénaires.
Au xixe siècle, la survenue d’épidémies dévastatrices (mildiou, oïdium) et les avancées simultanées en parasitologie et génétique marquent un tournant décisif. Dès lors commence l’analyse des interactions entre le pouvoir pathogène des parasites et la résistance des végétaux. Elle conduit, à la fin du xxe siècle, à la notion d’ immunité innée qui met en lumière le potentiel des plantes à se défendre contre les attaques parasitaires.
Malgré l’avancée spectaculaire des connaissances en phytopathologie, l’impact économique et social des maladies demeure encore élevé. Selon les plantes cultivées et les pays, les pertes de rendement dues aux maladies (avant et après récolte) peuvent varier de 10 à 50 p. 100, avec d’importantes répercussions sur l’alimentation mondiale. Plus que jamais, en ce xxie siècle, la raison d’être de la phytopathologie est de « comprendre pour protéger ».
Histoire de la phytopathologie
Des croyances de l’Antiquité aux connaissances actuelles, bien des étapes jalonnent l’histoire de la phytopathologie. Ce sont d’abord les écrits de Théophraste, philosophe grec (371/370-288/287 av. J.-C.), qui relatent l’existence de maladies sur diverses plantes. Ensuite, les Romains implorent le dieu Robigo pour épargner les céréales de ce fléau qu’est la « rouille ». Durant l’époque médiévale et la Renaissance, les maladies provoquent des disettes, et la consommation de seigle atteint de l’ergot entraîne la mort. La mise au point du microscope vers le milieu du xviie siècle, par le savant hollandais Antoine van Leeuwenhoek (1632-1723), est une étape importante car cet instrument va permettre l’observation de l’ anatomie des plantes et la découverte de microorganismes dans les tissus infectés. En 1807, Isaac-Bénédict Prévost (1755-1819) démontre en laboratoire que la carie des céréales est une maladie causée par un champignon – Tilletia caries – mais il n’est pas écouté par l’Académie des sciences car ses contemporains croient alors en la génération spontanée, théorie selon laquelle les microbes sont associés aux maladies mais n’en sont pas la cause.
Ce sont les épidémies et les grandes découvertes scientifiques du xixe siècle qui marquent un tournant décisif dans l’essor de la phytopathologie. En effet, l’apparition de l’épidémie de mildiou en provenance du Mexique, qui sévit sur la pomme de terre en Europe septentrionale (1845-1848), notamment en Irlande, fait prendre conscience de la gravité des conséquences des maladies des plantes, tant démographiques que géopolitiques. La famine causée par le mildiou provoque la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes et l’émigration massive d’au moins un million et demi d’habitants vers le Nouveau Monde. En 1876, le biologiste allemand Anton de Bary (1831-1888) montre expérimentalement que cette maladie est causée par un microorganisme filamenteux fongiforme qu’il dénomme Phytophthora infestans (plus tard reconnu comme étant un oomycète et non un champignon). À la même époque, les travaux de Louis Pasteur (1822-1895) et de Robert Koch (1843-1910) décrivent l’origine bactérienne des maladies chez les animaux et jettent les fondements de la parasitologie et de la microbiologie modernes.
Avec la survenue sur les vignobles européens[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marie-Thérèse ESQUERRÉ-TUGAYÉ : professeure émérite des Universités, membre de l'Académie d'agriculture de France
Classification
Médias
Autres références
-
ACARIENS
- Écrit par Jean-Louis CONNAT et Gabriel GACHELIN
- 6 631 mots
- 2 médias
De nombreux acariens sont également des parasites de plantes. De très petite taille (longueur de 0,1 à 0,5 mm), ils causent des dégâts très variables. Le plus fréquent, pour les zones tempérées, est l'acarien rouge (genre Panonychus) des arbres fruitiers, qui affecte également les rosiers.... -
ACTINOMYCÈTES
- Écrit par Hubert A. LECHEVALIER
- 3 450 mots
- 4 médias
-
AGROMÉTÉOROLOGIE
- Écrit par Emmanuel CHOISNEL et Emmanuel CLOPPET
- 6 627 mots
- 7 médias
Lesconditions météorologiques peuvent jouer un rôle prépondérant dans le déroulement d'une séquence épidémique. Le climat agit en effet à la fois sur la plante et sur l'agent pathogène (champignon, bactérie, virus, etc.). Ainsi la température conditionne en partie, d'une part, le déroulement du cycle... -
AGRONOMIE
- Écrit par Stéphane HÉNIN et Michel SEBILLOTTE
- 9 202 mots
- 1 média
...malédiction céleste ; mais l'homme s'est rapidement aperçu qu'au moins les causes secondes étaient liées à la présence de parasites animaux et végétaux. Le citadin imagine mal de nos jours ce qu'ont pu être ces fléaux, mais il peut s'en faire une idée en sachant que, vers 1840, l'apparition en Irlande... - Afficher les 25 références