PICARDIE
Paysages et patrimoine
Au nord s'étend la grande plaine de craie du Crétacé, couverte d'un épais limon de lœss sur lequel s'est très tôt épanouie la grande culture ; les vallées, humides et souvent même marécageuses, y déroulent des rubans verdoyants dans un paysage de champs ouverts, dénudés. Au sud, l'érosion a davantage affouillé la succession d'affleurements calcaires, argileux ou sableux de la fin du Secondaire et du Tertiaire. Le relief y est morcelé en plateaux étroits (Valois, Soissonnais, Vexin), rompus par des vallées plus encaissées et ourlés de talus et de buttes plus ou moins escarpés. Mais la diversité du paysage y provient davantage de la couverture végétale qui comprend les très grandes forêts circumparisiennes (Chantilly, Halatte, Compiègne, Ermenonville, Villers-Cotterêts) et des vergers et des vignes (région de Château-Thierry). Au sud-ouest, dans le pays de Bray, l'éventration d'un bombement anticlinal par l'érosion a donné naissance à un relief plus vigoureusement vallonné, couvert de prairies et de haies. Le bocage recouvre également les terres argilo-marneuses de Thiérache, l'autre « petite Suisse » de Picardie. Bien que peu étendu, le littoral picard offre une variété exceptionnelle de sites naturels, avec, du nord au sud : les dunes et marais du Marquenterre – renfermant un parc ornithologique de 2 300 hectares ; les mollières (marais) de l'estuaire de la Somme, émergées à marée basse – haut lieu de la chasse aux oiseaux migrateurs ; l'épais cordon de galets des Bas-Champs – en arrière duquel de vastes marais littoraux ont été en grande partie poldérisés et asséchés ; de hautes falaises de craie qui annoncent celles du pays de Caux.
Les stations balnéaires (Le Crotoy, Saint-Valéry-sur-Somme, Cayeux-sur-Mer, Mers-les-Bains...) y sont modestes, à l'image d'une région qui a surtout développé le tourisme rural ou fluvial. Ce sont cependant ses châteaux (Chantilly, Compiègne, Pierrefonds, Bagatelle, Bertangles, Villers-Cotterêts...), ses parcs et jardins (Ermenonville, Valloires, Oigny-en-Valois, Orgeval...) et ses cathédrales gothiques (Amiens, Beauvais, Laon, Noyon, Senlis, Soissons) qui font la renommée de la Picardie. Mais la Picardie s'enorgueillit aussi de ses abbayes (Corbie, Vauclair, Braine, Saint-Michel-en-Thiérache, Saint-Riquier...), de ses musées (Amiens, Beauvais, Abbeville, Laon, Saint-Quentin...), de ses arts et traditions populaires (verrerie, tapisserie, broderie, velours, vitrail, orfèvrerie... ; tir à l'arc, longue-paume, marionnettes...), de sa gastronomie et du souvenir des penseurs, écrivains ou artistes qui y vécurent (Calvin, La Fontaine, Racine, Alexandre Dumas, Jules Verne, Van Gogh...).
L'abondance des fortifications (Guise, Coucy...), des souterrains-refuges (Naours) et des sites et musées historiques, depuis la préhistoire (Samara) jusqu'à la Première Guerre mondiale (Chemin des Dames, clairière de Rethondes...), témoigne de l'âpreté des convoitises que la Picardie a suscitées. Cœur du territoire franc – Clovis fit de Soissons sa capitale, les Carolingiens furent couronnés à Laon et Hugues Capet à Noyon –, le territoire fut disputé entre la monarchie capétienne et les maisons princières de Vermandois et de Champagne puis de Normandie-Angleterre et de Flandre-Bourgogne, avant d'être totalement et définitivement rattaché à la couronne en 1477. Devenue grenier à blé de la capitale, la Picardie a associé dès le Moyen Âge des activités industrielles (rurales et urbaines) à ses activités agricoles. Mais son économie est demeurée essentiellement une économie de production car la proximité de la capitale nuit au développement d'activités tertiaires supérieures.
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Écrit par
- Pierre-Jean THUMERELLE : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)
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