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PICASSO. SCULPTURES (exposition)

Après le succès remporté par l’exposition Picasso Sculpture au Museum of Modern Art de New York de septembre 2015 à février 2016, son pendant parisien, sous le nom Picasso. Sculptures, du 8 mars au 28 août 2016, a constitué le premier événement majeur organisé au musée Picasso depuis sa réouverture en septembre 2015. Le sujet méritait cette place cardinale, tant Pablo Picasso s’est montré durant toute sa vie, simultanément et de manière complémentaire, peintre et sculpteur. Dès 1906-1907, il réalise, après ses premiers modelages, des bois en taille directe d’une sauvagerie primitiviste dans le sillage de Gauguin, alors qu’il élabore Les Demoiselles d’Avignon (1907, huile sur toile, Museum of Modern Art, New York), le tableau qui inaugure l’ère nouvelle de l’art contemporain.

Une traversée du xxe siècle

En ce début du xxie siècle où l’aventure de la sculpture contemporaine commence à être mieux comprise comme une histoire polyphonique qui traverse tout le xxe siècle, la figure de Picasso s’impose comme celle d’un acteur clé de ce parcours qui part du primitivisme et du cubisme pour nous conduire jusqu’aux années 1970. D’autres expositions à venir, notamment Picasso-Giacometti, permettront d’évaluer plus précisément les échanges qui ont nourri l’invention plastique et picturale de Picasso dont l’art se caractérise par un renouvellement continu, en dialogue avec les plus grands créateurs de son temps.

L’objet de l’exposition parisienne, qui regroupait plus de 240 œuvres et dépassait en ampleur l’ensemble des 100 sculptures rassemblées à New York, malgré des espaces moins vastes et hospitaliers, n’était pas aussi général que celui de la mémorable rétrospective Picasso sculpteur, conçue en 2000 au Centre Georges-Pompidou par Werner Spies et Dominique Dupuis-Labbé. Il était plus précis et novateur dans la rigueur même de son angle de vision, qui consistait principalement à comparer les versions multiples d’une œuvre, par exemple les bronzes fondus à différentes époques ou les si nombreux passages d’un matériau à un autre – du plâtre au ciment, du bois au bronze, etc. La confrontation entre les deux états de La Femme enceinte (plâtre et bronze, 1950-1959, MoMA, New York, et musée Picasso, Paris) ouvrait magistralement le parcours où se trouvait rassemblée de manière exceptionnelle la série des six tirages en bronze polychrome du Verre d’absinthe de 1914, chacun d’eux étant singularisé par une intervention manuelle de l’artiste. Le catalogue, dirigé par les deux commissaires de l’exposition, Cécile Godefroy et Virginie Perdrisot, rendait justice à ce travail inventif sur la série et le multiple, ainsi qu’à ces continus changements de matériaux, du papier au ciment.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII

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