PICKPOCKET, film de Robert Bresson
Pickpocket marque assurément une date dans l'histoire du cinéma français. Il y a un « avant » et un « après » ce sixième long-métrage de Robert Bresson (1907-1999), tant son style est unique et radical dans ses partis pris d'austérité. Ce n'est pourtant pas un coup d'essai. Robert Bresson s'est fait connaître pour ses adaptations littéraires très personnelles dès 1943 avec Les Anges du péché, d'après une idée du père Bruckberger, puis Les Dames du bois de Boulogne (1945), d'après D. Diderot, où il collabore avec Jean Giraudoux et Jean Cocteau. Il va dépouiller progressivement son style avec ses deux longs-métrages suivants, Le Journal d'un curé de campagne (1951), où il adapte Bernanos, et Un condamné à mort s'est échappé (1956). Le succès public et critique de ces deux films l'encourage, ainsi que le contexte de production du cinéma français de la fin des années 1950 qui lui offre un paysage favorable : 1959 est l'année de sortie d'Hiroshima mon amour d'Alain Resnais et des premiers films de la Nouvelle Vague qui autoriseront pendant quelque temps toutes les audaces. Après Pickpocket, et malgré l'échec commercial de ce film, Bresson réalisera encore huit longs-métrages, du Procès de Jeanne d'Arc (1962) jusqu'à L'Argent (1983). Ce dernier film est d'ailleurs très proche de Pickpocket, tant par son thème que par la radicalité de son style. Son influence sur le cinéma d'art et essai international sera considérable, aux États-Unis (Paul Schrader, Martin Scorsese) comme en Asie du Sud-Est (Wong Kar-wai)
Les mystères de la rédemption
L'hippodrome de Longchamp. Un jeune homme épie une femme qui ouvre un sac à main et tend des billets à un joueur. Le jeune homme suit le couple et subtilise quelques billets dans le sac de la femme. À la sortie, il est arrêté par la police, puis relâché faute de preuves. Le lendemain, le jeune homme va rendre visite à sa mère malade. Il rencontre Jeanne, une voisine. Le soir, Michel, le jeune homme, tombe sur son ami Jacques et un commissaire de police. Il leur expose sa philosophie de la vie : permettre aux êtres supérieurs de désobéir aux lois. Michel prend le métro et observe un pickpocket. Il va s'exercer seul dans sa chambre et voler ensuite dans le métro. Un inconnu qu'il a suivi lui révèle quelques tours de l'art du vol à la tire. Rentrant chez lui, il trouve un billet lui annonçant que sa mère est très malade. Elle meurt. Après l'enterrement, Michel confesse à Jeanne avoir cru en Dieu pendant trois minutes. Il continue à voler de manière de plus en plus audacieuse, notamment une montre à un poignet. Michel, poursuivi par la police, doit partir pour l'étranger. Il retrouve Jeanne deux ans plus tard, avec un enfant de Jacques. Un jour, à Longchamp, il se fait piéger par un policier qu'il a pris pour un turfiste. Jeanne vient le voir en prison : « Oh, Jeanne ! Pour aller jusqu'à toi, quels drôles de chemins il m'a fallu prendre. »
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Écrit par
- Michel MARIE : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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