PIÉMONT
Renaissance et baroque
L'architecture de la Renaissance au Piémont révèle des influences toscano-romaines (cathédrale de Turin par Meo del Caprina, de 1491), la pression exercée par les réalisations lombardes, et des apports vénitiens (à Roccaverano, et à San Giorgio Canavese). Saluzzo se ressent de la présence de sculpteurs venus de la Chartreuse de Pavie et de l'œuvre de Matteo Sanmicheli (portails et monuments funéraires) ; Vercelli s'enorgueillit de maisons et de cours à portiques de style Renaissance (maison Alciati, cortile des Centaures).
Le Quattrocento est représenté au Piémont par le peintre Giovanni Martino Spanzotti, lié à la culture lombarde de Foppa et de Bergognone, aux maîtres ligures tels que Carlo Braccesco et Louis Brea, mais élaborant une œuvre personnelle, entre 1484 et 1524 à Vercelli, à Casale, à Chivasso et à Iurea. Cette dernière ville abrite un cycle de fresques représentant la Passion (après 1490), que l'on peut dater avec précision grâce au Triptyque de la pinacothèque Sabauda ; le naturalisme exquis de Spanzotti intègre la perspective de la Renaissance dans une tendre lumière et il recrée la pureté de l'art des primitifs français.
L'œuvre de Macrino d'Alba est étroitement associée à la Renaissance de l'Italie centrale, tandis qu'avec Defendente Ferrari, qui exécuta notamment, entre 1501 et 1535, des polyptyques et des prédelles conservés à la pinacothèque Sabauda et au musée municipal, se mêlent les prolongements d'un gothique tardif et le maniérisme piquant de la Renaissance du Nord.
Tandis que Gerolamo Giovenone persiste dans cette voie, au xvie siècle s'élabore au Piémont l'œuvre saisissante de Gaudenzio Ferrari. Né (probablement) en 1475, il travaille à Varallo à partir de 1507, et voyage à travers l'Italie centrale, entre Florence, Rome et l'Ombrie ; il est ensuite à Arona, puis de nouveau à Varallo (au Sacro Monte, de 1517 à 1526-1528 env.) ; à côté de son œuvre d'architecte, ses réalisations comme sculpteur et peintre emportent l'adhésion par leur pathétique, leur humanité et l'efficacité de l'organisation narrative, ainsi qu'en témoignent les œuvres conservées à Vercelli, à Saronno et à Côme. La tradition qu'il inaugure sera prolongée jusqu'au xviie siècle par les Lanino et tout un atelier de peintres et de sculpteurs.
La fin de la Renaissance est illustrée par les réalisations à Turin, à Vercelli et à Novare de l'architecte Pellegrino Tibaldi (église des Santi Martiri), et par celles d'Ascanio Vittozzi ; à côté de l'épisode populaire des Sacro Monte (Varese et surtout Varallo, où l'urbanisme et la peinture étaient unis dans l'œuvre de Gaudenzio Ferrari), ils représentent le moment actif de la Contre-Réforme, avec le peintre Guglielmo Caccia, dit Moncalco, Arbasia et Ricci de Novare.
Le baroque définit, au xviie siècle, une des architectures les plus typiques du Piémont, grâce à l'élan donné par la cour Sabauda de Charles-Emmanuel Ier. À Ascanio Vittozzi, qui travailla au sanctuaire de Vicoforte, à la plazza Castello et au Monte dei Capuccini à Turin, succèdent dans la capitale Carlo et Amedeo de Castellamonte, urbanistes de premier ordre, avec lesquels collaborèrent des stuccateurs de Lombardie et du Ticino pour les intérieurs des églises et des châteaux.
Amedeo travailla, entre 1630 et 1660, au château du Valentino, puis au château de la Venaria reale (1660), tandis qu'il faut attribuer à son père la piazza San Carlo et le Palazzo reale.
Le style des Castellamonte se reflète dans l'urbanisme de la ville (via Pô) et dans les constructions civiles (palais de la piazza San Carlo, hôpital San Giovanni), et influença maints architectes et sculpteurs (Morello, Costaguta, Baroncelli).
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Écrit par
- Andreina GRISERI : professeur d'histoire de l'art, université de Turin
- Michel ROUX : professeur émérite
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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