NERVI PIER LUIGI (1891-1979)
Pier Luigi Nervi est considéré comme l'un des principaux représentants, l'un des « maîtres » de l'architecture contemporaine, non seulement en Italie mais plus encore sur le plan international. Dans Geschichte der modernen Architektur (1958), le critique allemand Jürgen Joedicke écrit que « les intentions de l'architecture moderne se trouvent intégralement réalisées » dans les constructions de Nervi ; l'Américain G. E. Kidder Smith (The New Architecture in Europe, 1961) définit ses œuvres comme étant « parmi les plus grandioses du xxe siècle » et il ajoute que Nervi est « un géant dans un pays où les géants ne manquent pas ». On pourrait citer d'autres jugements, mais ceux-ci suffisent à donner une idée du succès remporté par l'œuvre de Nervi. En vérité, ses réalisations appartiennent à un domaine qui, presque toujours, reste essentiellement en dehors de l'architecture. Dans ses œuvres, Nervi s'attache en effet assez rarement à ce qui constitue pour l'architecture le problème fondamental, à savoir : la synthèse, exprimée organiquement dans un langage spécifique, des relations dialectiques qui existent entre l'espace et les fonctions, d'une part, entre l'architecture elle-même et les structures sociales, d'autre part.
Sans nul doute phénomène historiquement important de la seconde moitié du xxe siècle, l'œuvre de Nervi pose un double problème : il faut d'abord déterminer les raisons de son succès universel et préciser ensuite les caractéristiques qui la distinguent.
En ce qui concerne le premier point, il faut noter que Nervi réalise en images extrêmement modernes sur le plan technologique – et parfois même projetées dans le futur – des partis traditionnels fondés sur la perspective centrale, sur la symétrie, sur la répétition de modules : procédé rassurant car il permet de rétablir une continuité avec le passé et de minimiser le traumatisme provoqué par la rupture violente que l'architecture contemporaine opère avec la tradition. Quant aux caractéristiques spécifiques de l'œuvre, elles peuvent se résumer en une formule, tirée du titre d'un livre de Nervi : « construire correctement », avec tout ce qu'une semblable définition implique de confiance dans les possibilités de la technique, celle-ci tenue pour capable d'amener, au terme d'un processus rationnel qui se développe à partir de prémices logiques, à des résultats qui résolvent intégralement tout problème de construction et par là même tout problème de langage architectonique.
Structure et esthétique
Pier Luigi Nervi est né en 1891 à Sondrio, en Lombardie. En 1913 il reçoit à Bologne son diplôme d'ingénieur.
Deux œuvres, réalisées à une trentaine d'années d'intervalle, traduisent de façon quasi emblématique les extrêmes à l'intérieur desquels se situe son activité : l'escalier extérieur du stade de Florence (1929-1932) et la coupole à calotte sphérique qui recouvre le Grand Palais des sports de Rome (1958-1959), réalisation de haute qualité technique, et cependant entièrement étrangère au volume intérieur de la salle. « Il est évident », écrit Nervi dans l'un des essais qu'il a publiés pour illustrer sa propre démarche (Aesthetics and Technology in Building, paru à Harvard en 1965), « que la double essence du phénomène architectonique – qui se constitue à partir d'une structure physique obéissant à des exigences objectives et à partir d'un aspect esthétique destiné à produire une émotion de nature subjective – situe l'architecture dans un domaine complètement séparé de celui des autres arts » : la distinction traditionnelle entre « structure et esthétique » qui est ainsi proposée, tout en faisant siens les modèles philosophiques de la tradition classique définitivement abandonnés par la[...]
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Écrit par
- Stefano RAY
: professeur,
libero docente in storia dell' architettura all' università di Roma
Classification
Médias
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