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PIERO DELLA FRANCESCA (entre 1415 et 1420-1492)

Du cycle arétin aux dernières activités

<it>La Résurrection du Christ</it>, P. della Francesca - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La Résurrection du Christ, P. della Francesca

Durant l'exécution de La Légende de la vraie croix, Piero peignit à fresque, dans la cathédrale d'Arezzo, une Sainte Marie-Madeleine ; dans la chapelle du cimetière de Monterchi, près de Borgo, il peignit La Sainte Vierge et, dans le palais des Conservateurs de Borgo San Sepolcro, ce grand chef-d'œuvre qu'est La Résurrection du Christ. Il poursuivit en outre le Polyptyque de saint Augustin (dispersé dans plusieurs collections et malheureusement parvenu incomplet jusqu'à nous) et le Polyptyque de saint Antoine (Galleria nazionale, Pérouse) : ces deux dernières œuvres ne furent pas terminées avant 1470 et furent effectuées avec la collaboration de plusieurs élèves parmi lesquels Luca Signorelli. Pendant ce temps, ses relations avec Urbin se multipliaient. C'est grâce aux conseils de Piero tout autant qu'à ceux d'Alberti que Federico da Montefeltro se décida à confier à Luciano Laurana le projet de rénovation de son palais (1465), le nommant maître absolu des travaux entrepris (1468). Une autre preuve des rapports entre Piero et Federico est fournie par le fait qu'en 1465-1466 il existait déjà à Urbin un portrait du duc exécuté par Piero. Si, ainsi qu'on l'a affirmé à de nombreuses reprises, ce portrait est celui du fameux diptyque du musée des Offices, il faut admettre l'idée qu'il ne fit partie du diptyque que beaucoup plus tard, c'est-à-dire après la mort de Battista Sforza en 1472 ; c'est alors, en effet, que Piero peignit l'effigie de la dame et qu'il la plaça à côté de celle de son mari. Il représenta, au dos de ces deux portraits, les deux très célèbres Triomphes. Une autre œuvre de Piero est liée à la mort de la duchesse d'Urbin : il s'agit du Retable de Brera (Pinacoteca di Brera, Milan) qu'il réalisa entre 1472 et 1473 ; il n'est pas impossible que Bramante y ait collaboré. Cette œuvre témoigne d'un intérêt intense pour l'interprétation perspective et picturale de l'intérieur d'une architecture totalement centrée sur elle-même, intérêt non moins intense que celui que l'on retrouve dans La Vierge de Senigallia (Galleria nazionale, Urbin) : dans cette œuvre, le sentiment d'une intimité familière et recueillie qui se dégage du milieu architecturel et lumineux révèle certaines influences flamandes. Mais la pensée qui domine dans ces deux tableaux est celle de Platon dans le Timée et aussi celle d'Archimède et celle d'Euclide : cette pensée conduit l'artiste, plus encore que dans des créations précédentes, à donner aux formes la perfection mathématique des corps réguliers, à ordonner par la perspective les rapports entre l'espace, la couleur et la lumière. C'est le moment où Piero, qui avait écrit précédemment le traité De perspectiva pingendi (dédié à Federico da Montefeltro), rédige le De quinque corporibus regularibus (qui sera dédié à Guidobaldo, fils et successeur de Federico). On ne sait d'ailleurs rien des dernières activités artistiques du peintre, car il ne nous est parvenu aucun tableau auquel on puisse attribuer une date postérieure à 1475-1476. La Nativité de la National Gallery de Londres est en effet antérieure à ces années. Par sa luminosité radieuse, cette œuvre est comme le couronnement d'un art où l'auteur n'a cessé d'exalter, par la perspective, par la lumière et par la couleur, la beauté parfaite de l'univers.

— Pasquale ROTONDI

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Écrit par

  • : consultant auprès des Musées du Vatican pour la restauration des œuvres d'art

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<it>Le Baptême du Christ</it>, Piero della Francesca - crédits :  Bridgeman Images

Le Baptême du Christ, Piero della Francesca

La Flagellation du Christ, Piero della Francesca - crédits : G. Dagli orti/ De Agostini/ Getty Images

La Flagellation du Christ, Piero della Francesca

<it>L'Adoration de la Sainte Croix</it>, Piero della Francesca - crédits : AKG-images

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