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ABRAHAM PIERRE (1892-1974)

Né et mort à Paris, Pierre Bloch dit Abraham appartient à une famille de la petite bourgeoisie française. Son père, Richard Bloch né à Auxerre, est ingénieur de l'exploitation de la Compagnie d'Orléans. Sa mère, Lorraine, est fille d'un ingénieur des Mines. Pierre Abraham a évoqué lui-même dans Les Trois Frères cette tradition scientifique de la famille qui devait le mener, comme son frère aîné Marcel Bloch, à l'École polytechnique. Si le frère cadet, Jean-Richard Bloch, affirma très tôt sa vocation littéraire, il n'en poursuivit pas moins de sérieuses études d'histoire et de géographie.

Après la guerre de 1914-1918 qu'il fait comme officier pilote aviateur, le jeune polytechnicien hésite sur sa carrière future. Il s'intéresse au commerce, à l'industrie pétrolière. Mais, très vite, le théâtre – sa pratique et sa théorie – le sollicite. Son frère, Jean-Richard Bloch dont la notoriété ne cesse de grandir (et qui fonde Europe en 1923 avec Romain Rolland), le met en contact avec les milieux littéraires, l'encourage à écrire.

Et c'est alors pour Pierre Abraham une période très active de critique dans les journaux et les revues. Cette pratique de la chronique ou du « papier » journalistique va servir une réflexion très profonde et très originale, notamment en ce qui concerne la création littéraire et artistique.

Il publie alors une série d'essais que les critiques saluent unanimement : Balzac (1929), Proust (1930), Figures (1930), Créatures chez Balzac (1931), Le Physique au théâtre (1933). En 1971, lorsqu'on réédite tardivement son Proust, on retrouve cette même unanimité.

Pierre Abraham a ouvert bien des chemins peu explorés : dans ses études sur la symétrie et la dissymétrie du visage, dans ses essais sur le physique des personnages, plus généralement dans la tentative qu'il mena d'explorer les mystères de la création littéraire à partir d'éléments concrets et mesurables.

Il comprenait l'ampleur et les difficultés d'une telle recherche. C'est pourquoi il fut très vite attiré par les formes collectives du travail, par cette recherche en équipe qu'il suscita ou dirigea d'abord à l'Encyclopédie française en 1935 pour les tomes Arts et littératures, ensuite pour le Manuel d'histoire littéraire de la France, dont il dirigea à partir de 1963 la publication des cinq premiers volumes ; et, bien entendu, à la revue Europe, à laquelle il collaborait depuis sa fondation et dont il assura la direction de 1949 à 1974. L'impressionnante série de numéros spéciaux consacrés soit à des écrivains, soit à des littératures nationales – la plupart de ces numéros sont préfacés par Pierre Abraham – ne constitue pas seulement une remarquable exploration de la création littéraire mondiale, elle permet aussi de mesurer, la foi que Pierre Abraham avait dans la connaissance mutuelle comme garante de l'amitié des individus, de la paix entre les peuples.

Cette générosité s'alliait à un courage tranquille. Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'officier aviateur se remettait aux commandes. Puis ce fut la Résistance, le combat clandestin, la libération de Nice, dont il devait être conseiller municipal de 1947 à 1959. À la Libération, lieutenant-colonel de réserve de l'armée de l'air, Pierre Abraham est secrétaire du Directoire interallié de l'air à Berlin.

À son retour, à Nice d'abord puis à Paris, le travail littéraire l'absorbe. Mais sa table n'est pas isolée des rumeurs du monde. Il suit en cela la tradition des écrivains qu'il aime tant : un Zola, un Romain Rolland, un Jean-Richard Bloch, un Barbusse... En 1951, il publie un roman Tiens bon la rampe où s'exprime toute sa générosité sociale.

Outre l'œuvre dispersée dans bien des pages de journaux, d'hebdomadaires[...]

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