SUFFREN DE SAINT-TROPEZ PIERRE ANDRÉ DE, dit LE BAILLI DE SUFFREN (1729-1788)
Vice-amiral de France et bailli de l'ordre de Malte. Gentilhomme provençal, Pierre André de Suffren entre dans la marine en 1743 et fait ses premières armes contre les Anglais pendant la guerre de Succession d'Autriche, puis pendant la guerre de Sept Ans. L'intervention de la France dans la guerre d'Indépendance américaine lui offre l'occasion de s'affirmer avec éclat. Sous les ordres du comte d'Estaing, il participe aux campagnes de 1778 et de 1779, le long des côtes américaines et dans les Antilles. En 1781, il quitte Brest à la tête d'une division destinée à renforcer l'escadre des Indes du comte d'Orves. Chemin faisant, le 16 avril 1781, il attaque la division du commodore Johnstone qu'il surprend au mouillage à La Praya (îles du Cap-Vert), action non décisive mais qui impressionne suffisamment son adversaire pour le dissuader d'attaquer la colonie hollandaise du Cap dont il avait reçu mission de s'emparer. Arrivé aux Indes, Suffren prend le commandement de l'escadre à la mort du comte d'Orves (9 févr. 1782) et engage aussitôt un duel farouche avec le contre-amiral Hughes. Il l'affronte avec succès aux combats de Sadras (17 févr.), de Provédien (12 avr.), de Négapatam (6 juill.), de Trinquemalé (2 sept.) et de Goudelour (18 juin 1783), mais sans pouvoir détruire l'escadre ennemie. Parallèlement, il débarque des renforts pour soutenir Haïder Ali, sultan de Mysore, en lutte contre les Anglais ; par des croisières incessantes sur les lignes maritimes de ravitaillement des troupes britanniques, il interdit à ces dernières de passer à l'offensive. Par sa combativité, par sa science de la mer et par son génie tactique (il remet en cause le principe de la bataille en ligne de file), l'« amiral diable » préfigure Nelson. Si les résultats obtenus n'ont pas toujours été à la hauteur de ses espérances, c'est que l'instrument dont il disposait, la valeureuse mais encore inexpérimentée marine de Louis XVI, ne possédait pas la souplesse manœuvrière qui lui eût permis de réaliser pleinement les intentions de son chef.
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Écrit par
- Jean-Marcel CHAMPION : agrégé de l'Université, assistant à l'université de Paris-IV
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