BALMAIN PIERRE (1914-1982)
Créateur réputé de la « Jolie Madame », Pierre Balmain symbolise la haute couture de l'après-guerre dans ce qu'elle eut de raffiné, de parisien. Né à Saint-Jean de Maurienne, il vient à Paris effectuer des études d'architecture en 1933, mais sa vraie vocation est la couture : engagé dans l'équipe parisienne de Molyneux, il s'y familiarise avec les lois de l'élégance retenue de ce couturier britannique, auteur du trousseau de mariage de la princesse Marina de Grèce, duchesse de Kent (1934). Recruté par Lucien Lelong en 1939, Pierre Balmain est mobilisé pendant la guerre, puis retourne chez Lelong en 1941 : il y partage les responsabilités de la création des collections avec Christian Dior et manifeste son talent et sa ténacité en imposant un concept personnel, une robe noire baptisée « Petit Profit », devenue un grand succès commercial.
Après la Libération, Pierre Balmain crée sa propre maison, rue François-Ier. La première présentation, en octobre 1945, est immédiatement saluée par Cecil Beaton, et par Gertrude Stein, qui écrit à cette occasion son article sur la mode, intitulé « From dark to day ». Les modèles présentés moulent le buste jusqu'aux hanches et ont des jupes étroites et longues. La deuxième collection de Balmain accentue la tendance aux jupes entravées, mais comporte également de vaporeuses toilettes aux jupes évasées, parfois richement brodées. Ce retour à l'opulence d'avant-guerre inspire à Alice B. Toklas l'expression de new French style. Si Christian Dior fonde un salon de couture, appelé à connaître une grande notoriété en 1947 par l'introduction du new-look, Pierre Balmain ne semble pas en prendre ombrage, et demeure le couturier favori des actrices pour leur garde-robe, à la ville, à la scène ou à l'écran. Le mannequin vedette de Balmain, baptisé « Praline », une jeune femme blonde aux formes sculpturales, présente les tailleurs à la coupe très complexe, parfois déconcertante, typique de Balmain, et les grandes robes du soir en satin aux broderies très abondantes, fréquemment inspirées de décors du xviiie siècle.
Voyageur impénitent, Balmain est devenu l'ambassadeur du goût français ; il présente ses créations en Australie (1947), aux États-Unis (1948 et 1949), en Amérique du Sud (1950). En 1952, Balmain intensifie sa diffusion aux États-Unis en créant des collections spécialement pour l'Amérique ; il ouvrira également une maison à Caracas. Personnalité en vue du Tout-Paris, Balmain est aussi brillant conférencier, remarquable commentateur de ses propres créations et de l'évolution de la mode.
De 1952 à 1959, ses collections développent le thème de la « Jolie Madame », avec petites robes à tournures, courtes toilettes brodées pour cocktails et dîners, et de séduisantes robes de débutantes.
Son évolution stylistique ultérieure favorise le néo-classicisme de la coupe, sobre et mathématique, et les audaces graphiques du décor, qu'il cultive la géométrie de l'op art à la fin des années soixante ou le puzzle multicolore des imprimés géants dans les années soixante-dix. Le répertoire vestimentaire qu'il compose pour ses clientes accorde une part importante aux toilettes d'apparat : parmi les fidèles de sa maison, la reine Sirikit de Thaïlande lui commandera chaque année sa garde-robe.
Pierre Balmain a été également un collectionneur avisé (vases de Gallé, Tanagra), un bâtisseur (il dessine ses maisons, en particulier celle de l'île d'Elbe), et enfin un grand amateur de cinéma. Ses créations les plus célèbres dans ce domaine sont la robe du soir portée par Katharine Hepburn dans La Milliardaire (1952) et les toilettes de Jennifer Jones pour Tendre est la nuit (1961).
Il est également l'auteur des tenues des hôtesses du Mistral (1967) et des jeux Olympiques (1968). Pierre[...]
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Écrit par
- Guillaume GARNIER : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera
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Médias