BARBIZET PIERRE (1922-1990)
Au sein de l'école française de piano, Pierre Barbizet a occupé une place volontairement discrète, le soliste s'effaçant souvent derrière le musicien de chambre ou le pédagogue.
Né à Arica, au Chili, le 20 septembre 1922, il passe son enfance dans ce pays, où son père est industriel. De retour en France, il fait ses études générales à Marseille avant d'entrer au Conservatoire de Paris, où il remporte des premiers prix de piano (1944), d'histoire de la musique et de musique de chambre. Dans la classe d'Armand Ferté, il dit avoir acquis « certitude musicale et confort pianistique ». Ouvert à toutes les formes de musique, il est l'un des habitués du Gay Relais un cabaret à la mode de Pigalle où il forme, avec Samson François et Pierre-Petit, un trio qui ne manque pas de piment. En 1948, il remporte le grand prix au concours international de Scheveningen (La Haye) et, un an plus tard, le cinquième prix au concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud à Paris. Sa carrière démarre rapidement, en France et à l'étranger. En soliste, il s'impose aussi bien avec la musique de Mozart que dans le répertoire français, dont il devient un infatigable propagateur. Il inscrit à son répertoire plusieurs concertos contemporains (de Serge Nigg – Premier Concerto, qu'il enregistre sous la direction d'André Cluytens –, Henri Gagnebin et Ivan Semenoff). Mais il doit surtout sa notoriété internationale au duo qu'il forme avec le violoniste Christian Ferras, un des duos qui ont marqué l'histoire de la musique de chambre française, dans le prolongement d'équipes illustres comme Jacques Thibaud-Alfred Cortot ou Zino Francescatti-Robert Casadesus. Il est aussi le partenaire occasionnel de Jean-Pierre Rampal, Samson François, Jean Hubeau ou du Quatuor Parrenin.
En 1963, il prend la direction du conservatoire de Marseille, auquel il donne une nouvelle impulsion, cherchant à adapter à son époque l'enseignement qu'il avait lui-même reçu : « Pas de conformisme au milieu d'une immense tradition. » Il fonde les lundis du conservatoire, une série de concerts permettant aux jeunes talents d'affronter, en cours d'études, les feux de la rampe, idée très novatrice à une époque où l'on considérait qu'il fallait d'abord sortir du conservatoire avant de commencer à se produire en public. Il fait également œuvre de pionnier en créant des classes de jazz, de guitare classique et de musique électronique au conservatoire de Marseille, les premières classes consacrées à ces disciplines dans un conservatoire français. En 1974, il est en outre nommé professeur de piano au Conservatoire de Paris. Il meurt à Marseille le 18 janvier 1990.
Musicien complet, il jouissait d'une technique d'une grande limpidité et d'une élégance naturelle qui faisaient de lui l'un des représentants les plus caractéristiques de l'école française de piano. Il possédait un vaste répertoire mais se sentait particulièrement inspiré lorsqu'il jouait la musique d'Emmanuel Chabrier (dont il a enregistré en 1982 la première intégrale de 1'œuvre pianistique) ou Francis Poulenc. L'homme, un bon vivant qui plaçait au-dessus de tout l'amitié et la joie de vivre, était capable de se transformer en jazzman ou en accompagnateur de chansons à la mode.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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Autres références
-
FERRAS CHRISTIAN (1933-1982)
- Écrit par Alain PÂRIS
- 1 073 mots
Étoile du violon français très vite parvenue au firmament, Christian Ferras symbolisait la continuité d'une école instrumentale qui avait perdu, au fil des années, son lustre d'antan. Jacques Thibaud, Ginette Neveu ou Zino Francescatti étaient ses plus illustres prédécesseurs ; mais,...