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BELON PIERRE (1517 env.-1564)

On ne connaît que fort peu de choses de l'enfance de Pierre Belon, si ce n'est qu'il est né à Souletière, près du Mans, probablement en 1517, dans une famille modeste. Dans ses écrits, Belon affirme avoir très tôt manifesté un fort intérêt pour les sciences, et il occupe, vers 1535, une fonction de garçon apothicaire auprès de René des Prez, apothicaire de l'évêque de Clermont. Il reçoit la protection de l'évêque du Mans, René du Bellay, et grâce à son appui, il part un an (1540-1541) à l'université de Wittemberg où il rencontre le botaniste et minéralogiste allemand Valerius Cordus, qui devient son maître et son ami.

À son retour en France, Belon entre au service du cardinal François de Tournon, homme cultivé et adversaire acharné de la Réforme qui assurera un rôle politique de premier plan auprès de François Ier : c'est notamment lui qui négocie la libération du roi et de ses enfants des prisons de Charles Quint, et qui organise le mariage de François Ier avec Eléonore d'Autriche. On ignore les fonctions exactes de Belon auprès du cardinal de Tournon, mais sa connaissance de plusieurs langues, dont l'allemand, lui permet d'être un interprète de confiance. Il fait de nombreux voyages en Allemagne, en Suisse, en Italie et, probablement, en Angleterre.

Son voyage au Moyen-Orient se place dans le contexte des initiatives entreprises par François Ier, en lutte contre Charles Quint et la maison des Habsbourg, pour établir des relations diplomatiques et économiques avec les Ottomans. Les missions vers l'Orient prennent parfois un caractère savant, notamment par la recherche de copies de textes anciens à Constantinople. La France est ainsi la première puissance occidentale à disposer d'une ambassade permanente dans la capitale ottomane, ce qui permet à Pierre Belon de bénéficier d'une grande liberté de circulation dans l'empire : il explore les îles grecques en 1546, puis part pour la Terre sainte et l'Égypte l'année suivante.

Après son retour en France en 1549, Belon consacre presque exclusivement les années qui suivent à la parution de ses œuvres : L'Histoire naturelle des estranges poissons marins... (1551), De aquatilibus... (1553, traduit en français deux ans plus tard), Les Observations de plusieurs singularitez et choses memorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Égypte, Arabie & autres pays estranges... (1553), Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel (1555).

Même si les ouvrages de Belon sont souvent considérés comme précurseurs de l'histoire naturelle (qui se développera au début du xviiie siècle), il faut cependant les replacer dans le contexte culturel de leur époque, où l'enjeu consiste plus à trouver des signes de Dieu dans la nature plutôt que d'étudier cette dernière systématiquement. On lui attribue aujourd'hui la description de nombreuses espèces nouvelles (notamment des animaux marins et des oiseaux), mais Belon, bien qu'il décrive avec soin les animaux et les plantes qu'il a observés, ne cherche pas une précision « naturaliste », au sens moderne du terme. De même, la fameuse gravure montrant l'homologie entre le squelette d'un homme et celui d'un oiseau, insérée dans l'Histoire de la nature des oyseaux, n'anticipe pas l'émergence de l'anatomie comparée, car Belon n'en tire aucune conclusion strictement zoologique. Pourtant, et malgré ses lacunes dans la connaissance des textes antiques, Belon laisse une œuvre majeure et à bien des titres, originale. Ainsi, l'iconographie de ses ouvrages est d'une qualité remarquable pour l'époque : il supervise lui-même la réalisation des gravures, parfois d'après ses croquis.

Sa mort brutale – il est assassiné dans le bois de Boulogne, en 1564, peut-être[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

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  • CLASSIFICATION DU VIVANT

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    Aumilieu du xvie siècle, Pierre Belon classe les oiseaux d'après leurs mœurs ou leur habitat. Il distingue par exemple les « oyseaux vivants de rapine, tant de jour que de nuict », c'est-à-dire les rapaces, ceux qui vivent le long des rivières et ont les pattes palmées, ou ceux qui vivent à la campagne....