BILLOTTE PIERRE (1906-1992)
Né à Paris le 8 mars 1906, Pierre Billotte, saint-cyrien à vingt ans, suit un parcours militaire classique. Lieutenant en 1930, élève de l'École supérieure de guerre de 1934 à 1936, le commandant Billotte est blessé pendant la campagne de France et fait prisonnier. Évadé d'Allemagne par l'U.R.S.S., avec cent quatre-vingt-cinq autres Français, il connaît les geôles soviétiques avant de devenir le représentant militaire de la France libre à Moscou, après le déclenchement des combats entre l'Armée rouge et la Wehrmacht. En 1942, il est chef d'état-major du général de Gaulle à Londres, puis, en 1943, secrétaire du Comité de la défense nationale. À la tête de la brigade blindée de la 2e D.B. du général Leclerc, le colonel Billotte se bat en Normandie. Le 15 août 1944, interrogé anonymement par Claude Dauphin pour la B.B.C., il déclare : « Nous avons une revanche à prendre, et nous saurons montrer au monde de quoi sont capables les soldats français lorsque, équipés avec un matériel moderne, perfectionné et abondant, ils luttent à armes égales contre un adversaire tenace, sans doute, mais qu'ils sont décidés à bouter hors des frontières. » Ses troupes vont devoir, peu de jours après, « ouvrir » la porte de Paris. L'insurrection parisienne du 19 août bouscule en effet la stratégie alliée qui exclut les combats de rues pour la prise des centres urbains ; le 22 au soir, alors que six cents barricades s'élèvent dans la capitale, les généraux Eisenhower et Bradley acceptent que la 2e D.B. fasse mouvement sur Paris par deux axes : Sées, Maintenon, Rambouillet ; Alençon, Chartres, Longjumeau.
Le 25 août, à 10 heures, Pierre Billotte signe son ultimatum au commandant du Gross-Paris, Dietrich von Choltitz, en poste depuis le 9. Transmis par le consul de Suède, cet ultimatum prélude à l'assaut de l'hôtel Meurice, quartier général du général allemand qui sera sommé de se constituer prisonnier par le lieutenant Karcher et le commandant de la Horie, qui l'emmèneront, par la rue du Mont-Thabor, « dans une pétarade de balles ». À 16 heures, à la préfecture de police, le général von Choltitz signe les conventions de reddition conclues entre le général Leclerc et lui, documents que paraphe aussi le colonel Rol-Tanguy commandant les F.F.I. de l'Île-de-France.
Général de brigade puis de division, Pierre Billotte est chef d'état-major général adjoint de la Défense nationale en 1945-1946. Lors du retrait du général de Gaulle, il écrit à Maurice Schumann pour que le Mouvement républicain populaire participe au tripartisme afin d'écarter la formation d'un gouvernement socialo-communiste dont il affirme qu'aux yeux des militaires anglo-saxons il serait « susceptible de rapprocher le terme d'un éventuel conflit avec l'U.R.S.S. ». Il est ensuite chef de la délégation française au comité des chefs d'état-major à l'O.N.U., jusqu'à sa démission de l'armée en 1950. Pour défendre une certaine idée de la France indépendante, il adhère au Rassemblement du peuple français (R.P.F.) et est élu député R.P.F. de la Côte-d'Or en 1951. Après avoir soutenu le gouvernement Pinay et s'être battu contre la Communauté européenne de défense, il est ministre de la Défense nationale du cabinet Edgar Faure (oct. 1955-janv. 1956). Engagé contre la pratique de la torture par l'armée en Algérie, il est cofondateur de l'Union démocratique du travail en 1958. Gaulliste de gauche, il est député U.N.R.-U.D.T. de la Seine de 1962 à 1966 et du Val-de-Marne de mars à juin 1967 et sous l'étiquette U.D.R. de juin 1968 à mars 1978.
Ministre d'État, il est chargé des D.O.M.-T.O.M. de 1966 à 1968, dans les troisième et quatrième gouvernements Pompidou ; il cherche à développer simultanément des mesures d'assimilation[...]
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Écrit par
- Charles-Louis FOULON : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)
Classification
Médias