PIERRE BOULEZ (exposition)
Organisé autour des œuvres phares de Pierre Boulez, l’hommage en forme d’exposition que nous propose la Philharmonie de Paris, du 17 mars au 28 juin 2015, se révèle très intelligemment conçu.
Agrémenté d’un grand nombre de documents (photos, lettres, manuscrits de partitions, extraits de presse, vidéos) le parcours proposé au visiteur retrace les jalons et les événements charnières qui ont modelé l’évolution de ce créateur, tout en mettant en lumière la modernité musicale singulière qu’il sut imposer à notre pays.
Un éclairage pictural
Suivant un ordre chronologique, Sarah Barbedette, commissaire de l’exposition, a notamment porté son attention sur les quelque quinze premières années parisiennes du compositeur – celles qui précédèrent son « exil » à Baden-Baden en 1959. Une période d’« artisanat furieux » (René Char) qui permit à Boulez de se forger à la fois une culture, une pensée, un réseau de relations, des inimitiés et… un nom.
Afin de profiter pleinement de cette exposition, il convient donc tout d’abord de prendre son temps. Celui de lire la très riche collection d’archives qui nous est offerte, mais aussi celui de s’arrêter dans les espaces aménagés afin d’écouter les œuvres qui illustrent le parcours de ce créateur. Dans le dialogue de l’écrit et de la musique, notre écoute devient alors, potentiellement, « active ».
L’autre particularité de l’exposition est la présence d’une quarantaine de toiles, dessins, sculptures, encres de chine, gouaches, signés des plus grands artistes du xxe siècle : Paul Klee, Wassily Kandinsky, Nicolas de Staël, André Masson, Willem De Kooning, Paul Cézanne, Alberto Giacometti, Alexander Calder, Joan Miró, Piet Mondrian, Maria Elena Vieira da Silva, Francis Bacon… Ces œuvres permettent de souligner les affinités conceptuelles électives que Pierre Boulez entretient ou a entretenu avec certaines démarches et techniques de ces peintres. Ainsi sera-t-il avec Klee et sa technique de croissance organique, avec Kandinsky, pour sa revisitation du geste pictural qui privilégie l’effacement du motif, la densité des couleurs, les ellipses dynamiques du mouvement imprimé au pinceau. Ou encore avec Vieira da Silva, dont la technique de brouillage appliquée à ses fonds picturaux crée une multiplicité de lignes jouant avec le continu et le discontinu.
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Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
Classification
Média