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BURAGLIO PIERRE (1939- )

Originaire de la banlieue parisienne – Charenton, dans le Val-de-Marne –, le peintre Pierre Buraglio, né en 1939, travaille à Paris. Il est professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts, où il avait été élève à partir de 1959 dans l'atelier de Roger Chastel, en compagnie de Viallat, Buren, Parmentier, Bioulès et Rouan, qui transformèrent en profondeur la scène artistique française à partir des années 1960. Buraglio, fidèle en cela à une phrase qui inaugurait le cours de Chastel : « il s'agira d'éthique et non d'esthétique », est bien plus l'homme d'une refondation morale que d'un simple renouvellement esthétique.

Ses premiers travaux ont été en 1964-1965 des Recouvrements constitués de superpositions de papiers collés recouverts de peinture. Ils se continuent en 1966 par les Agrafages, qui donnent à cette recherche un aspect plus mécanique : des fragments de toiles, peintes précédemment et condamnées par l'artiste, sont pliés en triangles irréguliers puis assemblés et agrafés comme ils se présentent. En 1968, après avoir participé à l'exposition Salle rouge pour le Vietnam (A.R.C., musée d'Art moderne de la Ville de Paris) Buraglio choisit pour quelques années le silence. À partir de 1974, il reconstruit progressivement la peinture en jouant de ses constituants essentiels. Il récupère d'abord des châssis, puis des fragments de fenêtres qu'il décore de vitres bleues, vertes ou transparentes (Fenêtre, 1975, Musée national d'art moderne, Paris). Dans cette même logique, Buraglio rassemble d'anciennes plaques de métro émaillées qu'il baptise Métro della Robbia (1987), créant ainsi un lien entre le Paris contemporain et la Renaissance italienne. Ces séries abstraites constituées par des ramassages d'objets divers – paquets de gauloises, enveloppes, papiers d'emballage... – sont contemporaines des Dessins d'après qui témoignent d'un souci permanent de la grande peinture et de la tradition : « ce ne sont pas des copies mais l'expérience directe d'un tracé sur un format qui lui est dépendant », explique l'artiste (Dessin d'après la Crucifixion de Philippe de Champaigne, 1981, Musée national d'art moderne, Paris). Par le dessin, Buraglio crée, dès 1984, de nombreuses variations sur la montagne Sainte-Victoire, motif cher à Cézanne, qui se transforment au fil du temps en études figuratives sur le visage (exposition Figure et paysage, galerie Fournier, Paris, 1991).

Se fondant sur ces travaux d'atelier, Pierre Buraglio a répondu à des commandes publiques qui lui ont permis de travailler à une plus grande échelle. Au Théâtre national de la Colline (1987) comme à la Cité de la musique (Christian de Portzamparc, architecte, 1991), il a fait jouer à de grandes plages de couleurs un rôle décoratif qu'il revendique avec fierté. Mais les commandes les plus importantes sont venues de l'Église de Paris : dans la chapelle Saint-Symphorien de l'église Saint-Germain-des-Prés (1992), Buraglio a créé un aménagement tout en finesse et rigueur – chemin de croix en céramique, croix en laiton insérée en creux dans le mur du fond – pour ce monument datant du xie siècle, et avec la Croix Sainte-Claire (1995, Paris, Porte de Pantin) il a fabriqué une croix moderne en tôle peinte, d'une monumentalité discrète et d'un symbolisme renouvelé mais aisément lisible. Dans l’oratoire de l’hôpital Bretonneau (2002-2004, Paris), il propose un espace ouvert « aux trois religions du livre » en inscrivant notamment sur les murs des extraits de la Bible, en français, du Coran, en écriture coranique, et de la Torah, en hébreu. Ces créations révèlent la rigueur de l'art de Buraglio et son souci permanent de trouver la juste place qui doit revenir à l'art actuel dans nos cités.[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII

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