PIERRE D'ABANO (1250 env.-env. 1316)
Médecin et philosophe qui enseigna à Padoue et qu'on accusa d'avoir rapporté de Paris en Italie la « peste averroïste ». Né près de Padoue, à Abano, Pierre (de Abano, Apono, ou Patavinus) passa plusieurs années à voyager : en Grèce d'abord et peut-être à Constantinople, où il aurait appris le grec ; puis à Paris, où il fréquenta la faculté des arts, sans doute encore sensible aux thèses, mêmes condamnées, de Siger de Brabant et de ses compagnons averroïstes, et où il rédigea, en 1300 environ, son principal ouvrage, intitulé Conciliator differentiarum philosophorum et praecipue medicorum.
Pierre d'Abano serait allé ensuite jusqu'en Angleterre et en Écosse. On le retrouve en 1307 à Padoue, où il enseigne la médecine et la philosophie naturelle. Intéressé par l'astrologie et adoptant une attitude critique vis-à-vis des miracles, il est accusé de magie, d'hérésie et d'athéisme. Sauvé d'abord par quelques clients influents, il est finalement emprisonné et meurt peu après.
On a fait de Pierre d'Abano le fondateur de l'averroïsme padouan, de cette école à laquelle Pétrarque allait s'en prendre dans la seconde moitié du xive siècle. En réalité, ce philosophe, plus sensible que d'autres — parce qu'il était médecin — à l'explication naturelle, se soucia d'abord de revendiquer, pour la science, des principes et une méthode propres. Accusé de nier les miracles de Jésus, en particulier la résurrection de Lazare, Pierre d'Abano tenait surtout à montrer comment ceux-ci pouvaient prendre place dans l'enchaînement des agents naturels.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Denis COUTAGNE : auteur
Classification