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PIERRE D'AILLY (1350-1420)

Chancelier de l'université de Paris, théoricien des rapports entre le pape et le concile à la période du schisme d'Avignon. Quoique son renom soit moins grand que celui de son disciple, Gerson, Pierre d'Ailly doit être considéré comme un des initiateurs du mouvement doctrinal dont les répercussions se sont fait sentir tant sur les solutions qui mirent fin au grand schisme que sur les événements qui aboutirent à la Réforme.

Né à Compiègne, boursier au collège de Navarre à Paris, il prend ses grades à la faculté des arts, puis fréquente la faculté de théologie. Il « expose » à partir de 1374 la Bible puis le Livre des sentences de Pierre Lombard. Il est reçu maître en théologie en 1381. La même année, il devient chanoine de Noyon, puis est nommé recteur du collège de Navarre. Il devient en 1389 chancelier de l'université de Paris et en 1391 archidiacre de l'église de Cambrai. En 1395, chargé par Charles VI de présenter ses félicitations à Pierre de Lune devenu pape sous le nom de Benoît XIII, il est nommé évêque du Puy et, en 1397, évêque de Cambrai. La conjoncture politique et ecclésiastique l'amène à participer aux négociations entre les papes rivaux, Benoît XIII et Innocent VII, puis Grégoire XII, et le roi de France, à prendre part au concile de Pise et à travailler aux réformes nécessaires dans son diocèse. Il devient cardinal en 1411 et consacre désormais presque toute son activité aux problèmes soulevés par le schisme et au travaux du concile qui s'ouvre à Constance le 16 novembre 1414 et sera dissous en 1418 après l'élection du pape Martin V.

L'œuvre scientifique de Pierre d'Ailly comprend seize traités de géographie ou d'astronomie, mais représente le travail d'un homme qui fut plus attiré par la curiosité que doué d'une véritable compétence en ces matières. Le plus connu, écrit en 1410, est le Tableau du monde (Ymago mundi), ouvrage inspiré par Ptolémée, qui eut un grand succès et fut consulté par Christophe Colomb. Pierre d'Ailly s'intéressa aussi à la réforme du calendrier. Outre le soin qu'il apporta à ses lettres, traités et sermons, le théologien consacra la plus grande part de son activité à la vie de l'Église en une période particulièrement troublée. Le grand schisme, qui amena à la tête de l'Église deux et même trois papes rivaux, commence à l'époque où Pierre est jeune maître en théologie, en 1378. Dès lors, celui-ci profite de ses premières manifestations publiques, à savoir ses « actes de maîtrise » (1381), pour énoncer les bases de son activité ecclésiastique. La position qu'il prend à ce moment relativement au pouvoir papal n'est pas absolument neuve — on en trouverait les racines dès le début du xive siècle — mais elle est clairement exprimée : « Il faut distinguer, écrit-il, l'Église universelle et les Églises particulières, celle de Rome n'étant pas nécessairement la « tête » des autres » (Vespéries). Il ajoute : « Le pontificat romain et le souverain pontificat ne sont pas forcément réunis en une même personne. »

Le contexte historique dans lequel sont présentées ces propositions est le suivant : depuis septembre 1378, l'élection de Clément VII et le fait qu'il soit allé résider en Avignon, après l'élection d'Urbain VI à Rome, ont ouvert le schisme d'Occident.

Mais Pierre d'Ailly formule encore d'autres thèses, plus lourdes de conséquences : « Le fondement de l'Église, dit-il, n'est pas Pierre, c'est-à-dire le pape, mais l'Écriture sacrée, c'est-à-dire la vérité de la parole du Christ [...]. On ne peut fonder la solidité de l'Église sur la faiblesse de Pierre » (Aulique). « Seule l'Église universelle, précise-t-il, est infaillible » (Vespéries[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, diplômé de l'École pratique des hautes études, docteur en philosophie, professeur à l'Université catholique de l'Ouest

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