COUBERTIN PIERRE DE (1863-1937)
Le père des jeux Olympiques modernes
Parallèlement, Pierre de Coubertin devient l'acteur central du mouvement sportif français. Le 1er juin 1888, il crée le Comité pour la propagation des exercices physiques dans l'éducation, à la tête duquel il place l'ancien ministre de l'Instruction publique Jules Simon, tandis qu'il en assure le secrétariat général. Il se lie avec Georges de Saint-Clair, qui a conçu en novembre 1887 avec Jules Marcadet le projet d'Union des sociétés françaises de course à pied, qui deviendra en 1889 l' Union des sociétés françaises de sports athlétiques (U.S.F.S.A.). Le Comité de Coubertin et l'Union de Saint-Clair ne se posent pas en rivaux, bien au contraire : ils unissent leurs efforts pour combattre la Ligue nationale d'éducation physique, créée en novembre 1888 par Paschal Grousset, un ancien communard qui brocarde l'anglomanie élitiste des aristocrates. Saint-Clair et Coubertin travaillent à développer les confrontations sportives, alors que la Ligue de Grousset ne perdurera pas. Coubertin occupe tous les terrains : il pratique la boxe, l'aviron, la natation, le tir ; il fonde en janvier 1890 la Revue athlétique, évoque les jeux Olympiques dans les dîners... Il prépare la célébration du cinquième anniversaire de la création de l'U.S.F.S.A. Cette commémoration se termine par une conférence, le 25 novembre 1892 à la Sorbonne, que Coubertin conclut par un discours dans lequel il appelle de ses vœux « le rétablissement des jeux Olympiques », ce qui laisse la docte assemblée plus que perplexe, voire hostile... Coubertin ne se décourage pas, parcourt le monde pour tenter d'emporter l'adhésion de personnalités importantes du mouvement sportif international. Il convoque, au nom de l'U.S.F.S.A., le congrès international du renouveau athlétique, qui doit se tenir du 16 au 23 juin 1894, toujours à la Sorbonne à Paris. Le 23 juin au soir, la renaissance des jeux Olympiques est entérinée dans l'enthousiasme par les congressistes.
Mais Coubertin est déjà victime de son succès : alors qu'il eut souhaité que les premiers jeux Olympiques de l'ère moderne se tinssent à Paris en 1900, les délégués décident que ceux-ci auront lieu dès 1896, à Athènes, pour célébrer la Grèce antique. Coubertin se réjouit néanmoins du couronnement des « dix premières années de [sa] vie d'homme » et crée le Comité international pour les jeux Olympiques, dont il confie la présidence au Grec Dimitrios Vikelas. En outre, le succès indéniable des jeux Olympiques de 1896 conduit le roi Georges Ier à demander qu'Athènes soit le siège permanent de la célébration des Jeux modernes. Coubertin réussit à repousser cette exigence, devient président du Comité international olympique (C.I.O.), organise en 1897, au Havre, le deuxième congrès olympique, qui traite de l'hygiène et de la pédagogie sportive, mais dont le but est aussi de pérenniser le C.I.O.
Après la réussite du congrès du Havre, Coubertin règne en maître sur le mouvement olympique, mais il ne peut que constater l'échec des Jeux de Paris en 1900 et de Saint Louis en 1904, noyés dans des Expositions universelles et dont le déroulement se situe aux antipodes de ses préceptes. Néanmoins, l'olympisme coubertinien gagne du terrain ; des congrès olympiques se tiennent régulièrement : à Bruxelles (1905), Lausanne (1913), Paris (1906, 1914). Le C.I.O. s'installe définitivement à Lausanne en 1915, Coubertin accepte de voir renouvelés ses pouvoirs en 1917, alors que son deuxième mandat décennal de président vient à expiration. Il abandonne la présidence du C.I.O. à l'occasion du congrès de Prague, le 28 mai 1925.
Coubertin quitte la présidence du C.I.O. avec le sentiment d'avoir mené pleinement à bien son grand-œuvre, même s'il aime à rappeler que faire[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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