LA COSTE-MESSELIÈRE PIERRE DE (1894-1975)
Archéologue français, Pierre Frotier, marquis de La Coste-Messelière, est né le 3 mars 1894 et mort le 4 janvier 1975 en son château des Ouches, dans les Deux-Sèvres. Issu d'une famille de noblesse poitevine remontant au xie siècle, Pierre de La Coste-Messelière, après avoir brillamment servi comme officier de cavalerie de 1914 à 1918, découvrit sa vocation d'helléniste en suivant à l'École des hautes études les cours d'Émile Bourguet, à qui il devait un jour succéder. Nommé en 1921 membre libre de l'École française d'Athènes, il se lia avec Charles Picard, qui venait de prendre la direction de cet institut, d'une amitié qui allait engendrer une féconde collaboration scientifique.
Dès son séjour athénien, Pierre de La Coste s'attache au site de Delphes. L'enseignement de Bourguet l'avait préparé à l'épigraphie ; son mémoire d'athénien, publié en 1925, était consacré aux Inscriptions de Delphes, et il ne cessa jusqu'à sa mort de cultiver cette discipline, comme en attestent de nombreuses publications : 1949, étude sur les listes amphictyoniques du ive siècle ; 1960, étude sur les listes delphiques du ive siècle, étude sur les listes de naopes dans les Mélanges G. Daux. Mais Pierre de La Coste se sentait sans doute plus attiré encore par les monuments que par les textes. Une sensibilité pour les formes artistiques s’associait chez lui à une exigence de rigueur dans le raisonnement qui l'incitait à se détacher des théories trop abstraites, et à donner la priorité à l'observation des faits.
Ces tendances apparaissent clairement dans sa thèse, publiée en 1936. Le titre, Au musée de Delphes, en est significatif : il témoigne d'une modestie alliée au très haut sentiment des valeurs dont l'auteur se savait porteur. La recherche s'applique, en fait, aux métopes du trésor de Sicyone et aux frises du trésor de Siphnos : soit à deux des ensembles de reliefs les plus importants que nous ayons conservés de l'art grec à la fin du vie siècle, et qui représentaient respectivement, dans la métropole apollinienne, une cité du Péloponnèse septentrional et l'une des Cyclades. À partir de ces monuments, c'est donc toute la sculpture de la génération immédiatement antérieure aux guerres médiques qui s'offre à l'étude. Pierre de La Coste procéda avec une rigueur méthodique, analysant le moindre détail des marbres, résolvant des questions encore discutées, comme celle de l'unité de l'ensemble de Siphnos, que certains avaient voulu, pour des raisons stylistiques, répartir entre plusieurs monuments. Ce faisant, il parvenait à ressusciter la personnalité des artistes – deux sculpteurs pour les frises siphniennes –, à reconstituer leur mentalité, si différente de la nôtre, en particulier dans l'expression de l'espace. Sa conclusion insistait sur l'importance du rôle personnel des artistes et mettait en garde contre les classements trop abstraits par écoles. Or ces artistes appartiennent à l'époque « archaïque » et les sources littéraires n'apportent pas d'informations sur eux.
Pierre de La Coste s'affirmait ainsi comme le représentant de l'école archéologique française qui, à sa génération, avait encore à lutter, aussi bien contre le souvenir du temps encore proche où l'étude de l'art antique était un exercice de littérature, voire de rhétorique, que contre le prestige de l'école allemande, chez qui la démarche esthétique ne se distinguait pas suffisamment de la recherche. Tout en atteignant un très haut degré de spécialisation, il n'entendait nullement se laisser enfermer dans la technique. Bien que profondément attaché au site de Delphes, il n'en a pas fait l'unique objet de ses travaux : un de ses derniers articles, dans le [...]
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Écrit par
- Gilbert-Charles PICARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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