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DEMARGNE PIERRE (1903-2000)

Né en 1903 à Aix-en-Provence, Pierre Demargne entre à l'École normale supérieure en 1922. Il s'oriente vers l'archéologie et devient membre de l'École française d'Athènes en 1926. Professeur à l'université de Grenoble (1933), puis de Strasbourg (1937), il est mobilisé en 1939 et, à partir de 1940, partage la vie des prisonniers d'un oflag. Durant ces années, son goût pour l'archéologie ne l'abandonne pas et il fait des conférences sur ce thème qui soutiennent le moral de ses compagnons. La guerre finie, il réintègre Strasbourg. Nommé à la Sorbonne en 1950, il y occupe la chaire d'archéologie et d'histoire de l'art jusqu'en 1971. Il est le premier directeur du Service d'architecture antique que le C.N.R.S. fonde en 1957.

À la mort de Charles Picard, en 1965, et jusqu'en 1978, il prend la direction de la Revue archéologique dont il redéfinit la forme et l'orientation. Il y accueille le Bulletin de la Société française d'archéologie classique. L'éditorial qui inaugure cette nouvelle série (1966) est révélateur de la personnalité scientifique de Pierre Demargne, marquée avant tout par une vision large de la civilisation grecque et « classique », par son goût pour l'étude des périodes de transformation profonde et pour les zones de contact avec d'autres cultures.

Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1969), il est l'auteur de nombreuses publications.

Outre ses articles et monographies, l'ouvrage qu'il publia sous le titre Naissance de l'art grec expose pour le public cultivé les recherches – et la part qu'il y tient – sur l'art préhellénique, ses liens ou ses ruptures avec l'Égée pré- et protohellénique et l'Égée grecque.

Pierre Demargne appartient à la génération née dans le quart de siècle qui suit la découverte de la civilisation minoenne par Arthur Evans à Cnossos et du site de Mycènes par Heinrich Schliemann. Son père, Joseph Demargne, membre de l'École française d'Athènes en 1896, l'avait précédé en Crète avant de le laisser orphelin en 1909.

De 1927 à 1964, Pierre Demargne mène onze campagnes de fouilles sur le site minoen de Mallia, sur la côte septentrionale de la Crète, où l'École française d'Athènes met au jour un palais, des quartiers d'habitat et des nécropoles. La découverte, dans la nécropole royale, du pendentif aux abeilles, rappelle la splendeur et la richesse de la vie palatiale des débuts du IIe millénaire. Ce bijou en or, conservé au musée d'Héracléion, est devenu le symbole de la Crète.

Au cours de ses travaux à l'Anavlochos, à Dréros, à Lato, il s'interroge sur la place à donner à la Crète minoenne dans l'art grec des temps archaïques.

Son intérêt pour le phénomène orientalisant le conduit à traverser l'Égée, à la rencontre des peuples anatoliens. Il crée la Mission française de Xanthos en Lycie, dont il dirige les fouilles de 1950 à 1962. Aux frontières de l'hellénisme, Xanthos lui fournit l'observatoire idéal pour se pencher sur l'interaction, en miroir, des arts de la Grèce et de l'Orient méditerranéen, des âges obscurs à Alexandre. Parallèlement à la recherche sur le terrain, Pierre Demargne étudie les monuments lyciens du British Museum et collabore à la nouvelle présentation des salles du musée londonien, en particulier la salle du monument des Néréides dont il donnera plus tard une magistrale publication. Ces années trouvent leur aboutissement naturel dans le thème d'un congrès qu'il propose pour 1963 à l'Association internationale d'archéologie classique : Les Civilisations gréco-romaines et leur rayonnement sur les civilisations périphériques. Cette rencontre, organisée à Paris, donne à la communauté scientifique[...]

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Écrit par

  • : archéologue, rédacteur en chef de la Revue archéologique, ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique

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