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DERVAUX PIERRE (1917-1992)

Un des maillons essentiels de l'école de direction d'orchestre française, Pierre Dervaux fut l'un des derniers à maintenir ce profil du chef sûr et efficace, capable de monter n'importe quel programme dans des délais souvent très réduits sans que la qualité s'en ressente. Il était aussi un fervent défenseur de la musique française, même si son répertoire bousculait les frontières et les époques.

Son père jouait du trombone aux Concerts Colonne. Il naît à Juvisy-sur-Orge, le 3 janvier 1917, et reçoit une formation de pianiste au Conservatoire de Paris où il est l'élève d'Isidore Philipp, d'Armand Ferté et d'Yves Nat. Il travaille également la percussion et l'écriture avec Jean et Noël Gallon et Marcel Samuel-Rousseau. Il fait ses débuts d'instrumentiste comme timbalier aux Concerts Pasdeloup en 1934 et commence à diriger après la guerre. Entre 1945 et 1953, il est chef permanent à l'Opéra-Comique, entre 1949 et 1955, vice-président des Concerts Pasdeloup, entre 1956 et 1970, premier chef à l'Opéra de Paris et, entre 1958 et sa mort, président-chef d'orchestre des Concerts Colonne. Il restera fidèle tout au long de sa carrière à l'esprit associatif des grands orchestres parisiens qu'il a dirigés et fera d'ailleurs l'essentiel de sa carrière en France. Entre 1968 et 1971, il est à la tête de l'Orchestre symphonique du Québec, puis directeur musical de l'Orchestre philharmonique des Pays de la Loire (1971-1978) et de l'Orchestre philharmonique de Nice (1979-1982). Il mène aussi une carrière internationale, d'U.R.S.S. aux États-Unis et au Japon. Parallèlement, il se consacre à la direction d'orchestre, à l'École normale de musique de Paris (1964-1986), au Conservatoire de Montréal (1965-1972) et à l'Académie internationale d'été de Nice (1971-1982), où il forme toute une génération de chefs d'orchestre français et étrangers (Jean-Claude Casadesus, Sylvain Cambreling, Gabriel Chmura, Antoni Wit, Alain Pâris, Georges Aperghis, Jean-Claude Bernède...). Il cesse progressivement de diriger à partir du milieu des années 1980 et meurt à Marseille, le 20 février 1992.

Si l'efficacité n'avait pas une connotation péjorative en matière artistique, on retiendrait d'abord cette qualité chez Pierre Dervaux. Il avait un geste d'une étonnante précision, rigoureux mais capable d'une certaine sensibilité. Sa pratique de la percussion lui avait donné un sens immuable du rythme qui procure une aisance particulière aux instrumentistes, et sa rigueur s'accompagnait d'une grande souplesse lorsqu'il dirigeait l'opéra : aucun répertoire ne lui a échappé, de Purcell à Poulenc, dont il a été l'un des premiers à conduire les Dialogues des carmélites en France. Il a créé de nombreuses œuvres modernes, notamment la Symphonie chorégraphique (1965) d'Emmanuel Bondeville et la Symphonie du tiers monde (1968) d'Henri Tomasi. Mais son domaine de prédilection restait la musique française, davantage celle de Ravel, Schmitt, d'Indy ou Roussel que celle de Fauré ou Debussy, qui s'adaptait moins bien à la pudeur de l'être hypersensible qu'il était. Ses interprétations extériorisaient rarement ses réactions personnelles ; on y trouve un sens profond de la transparence et de la couleur et, à ce titre, elles sont considérées comme des modèles d'équilibre. Pierre Dervaux avait également composé : il a laissé deux symphonies (l'une pour grand orchestre et l'autre pour cordes), un Divertissement burlesque pour orchestre, un quatuor à cordes, un trio, des concertos pour piano et pour violoncelle et des mélodies.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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