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DMITRIENKO PIERRE (1925-1974)

Peintre et sculpteur français, Pierre Dmitrienko est né à Paris en 1925 d'une mère grecque et d'un père russe qui avait fui sa patrie lors de la révolution. Après des études secondaires au lycée Pasteur, à Neuilly, il s'inscrit en 1944 à l'École des beaux-arts de Paris, où il étudie pendant deux ans l'architecture avant de se consacrer à la peinture. En 1946, il devient l'élève du peintre hollandais Konrad Kickert, qui sera sans influence sur son œuvre future, mais qui fera de lui un technicien remarquable. Parmi les artistes de sa génération, Dmitrienko fréquente Arnal, Serge Rezvani et Jacques Lanzmann. En 1948, il participe pour la première fois à une exposition de groupe (« Les Mains éblouies » à la galerie Maeght) et, en 1950, a lieu sa première exposition personnelle à la galerie de la Paix à Lausanne. Dès lors, Dmitrienko participe à toutes les manifestations importantes en France et à l'étranger.

Pierre Dmitrienko appartient à la génération qui suit immédiatement les grands abstraits de l'école de Paris, et fait partie avec quelques autres, et pour un temps, de la première vague de l'abstraction lyrique. Partant d'une certaine vision du monde extérieur, parfois la précédant, le peintre a élaboré ainsi, dans les années 1950, une œuvre où il dépouille l'univers qui l'entoure de toutes ses références précises à la réalité. Servi par une remarquable technique faite de transparences, de glacis, où jouent seules les fluidités de la matière et les modulations des tons, Pierre Dmitrienko tend alors vers une approche poétique de l'essence de toute vision. Approche qui devient la sublimation de la sensation vécue par l'artiste devant la nature, et qui la soumet au seul ordre mental.

En 1962, Dmitrienko abandonne les grandes séries des thèmes exploités jusqu'alors : les usines, les mines, les inondations, les forêts, les ferrailles, les banlieues, les carrières et les pluies, tous liés à une vision abstraite et lyrique de la nature, pour présenter à la galerie Creuzevault une série de variations sur le thème de la figure humaine. Cette « présence » obsédante envahit son œuvre et ne le quittera plus. Ce sont de grandes formes ovoïdes, qui restituent à la nature l'être humain dans ce qu'il a de plus profond, de plus fatidique et de plus silencieux aussi. Le peintre a abandonné toutes les séductions de la technique et du style pour ne plus montrer que le tragique de la vie. Faces bâillonnées, déchirées, massacrées ou torturées, elles sont, dans des tons de noirs, de blancs, de gris ou de rouges, écrit Pierre Dmitrienko, « victimes, vous, moi, vivants en sursis, et d'un jour à l'autre morts sans raison essentielle [...] Réalité terrible de la face humaine... ». La critique et le public comprennent mal la nouvelle orientation que donne l'artiste à sa peinture, et dès lors une sorte de silence entoure l'œuvre de Dmitrienko.

Partageant sa vie entre Paris et Ibiza, élaborant parallèlement à sa peinture un important œuvre gravé et abordant d'autre part la sculpture, il expose très peu et uniquement à l'étranger. Cependant, quelque temps avant sa mort, une importante rétrospective portant sur son travail des douze dernières années et groupant une soixantaine de pièces : peintures, aquarelles, estampes et sculptures, est organisée au centre artistique Septentrion de Bondues-Marcq, près de Lille, fondé par Anne Prouvost et Paul Hémery.

— Maïten BOUISSET

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