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DUPONT PIERRE (1821-1870)

Précurseur de la chanson ouvrière telle qu'elle se manifestera avec éclat chez Eugène Pottier (L'Internationale) et Jean-Baptiste Clément (Le Temps des cerises), Pierre Dupont est né à Lyon. Il est d'abord canut, puis commis de banque. Alors qu'il commence à écrire, il fait la connaissance de l'académicien Pierre Lebrun, ami d'un de ses grands-pères, qui encourage ses travaux. Bientôt paraissent Les Deux Anges (1842) et Les Paysans, chants rustiques. Pierre Dupont vit alors à Paris où il fréquente Murger, Baudelaire, Banville. Au contact de la ville, son inspiration va radicalement changer : il renonce en effet à la tonalité bucolique des Paysans et écrit Le Chant des ouvriers (1846). Sous la monarchie de Juillet, les clubs et les sociétés chantantes, fortement politisés, se multiplient. Les journées de 1848 vont amplifier ce mouvement. « Admirable cri de douleur et de mélancolie », véritable « Marseillaise du travail » (Baudelaire), Le Chant des ouvriers, qui dresse un portrait sans fard de la condition ouvrière et de l'exploitation à laquelle elle est soumise, sera l'hymne de la révolution de février 1848. Pierre Dupont écrit également Le Chant des transportés (1848), lamento à la gloire des victimes des journées de juin. Inquiété après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, puis gracié, il retourne à sa veine première, la chanson rustique, et compose également La Légende du Juif errant.

Ses Chants et chansons sont rassemblés dans l'édition de 1852-1854, que préface Baudelaire. Celui-ci a consacré deux études à Pierre Dupont, dont il célèbre tant l'exaltation de la fraternité des humbles que la sensualité. Mais il met aussi en lumière des harmoniques plus secrets, qui rejoignent sa propre poétique. Ainsi lorsqu'il évoque « la poésie latente de l'enfance », la composition du poème comme drame lyrique, ou encore la mélancolie indissolublement liée à « la contemplation de l'immortelle beauté des choses ». Ces traits, nul doute que Baudelaire les ait reconnus pour siens, lui qui sut, mieux que tous, dire le pathétique de la beauté.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

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Autres références

  • CHANSON FRANÇAISE

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    ...de Jean-Baptiste Clément (1836-1903) ou, en 1871, L'Internationale d'Eugène Pottier (1816-1887), dans la veine des Chants et chansons de Pierre Dupont (1821-1870), célébré par Baudelaire. Parallèlement, une sorte d'« industrie » de la chanson se crée, le café-concert. Autant la politique...