TRUDEAU PIERRE ELLIOTT (1919-2000)
Homme politique canadien. Pierre Elliott Trudeau est né à Montréal en 1919. D'origine modeste, son père, francophone, a accumulé une fortune imposante grâce à son sens des affaires. Née Grace Elliott, mais élevée dans la foi catholique, sa mère, anglophone, est issue d'un père écossais et d'une mère canadienne française.
Ses études en sciences sociales à Harvard, à la Sorbonne et à la London School of Economics lui font prendre conscience du retard intellectuel du Canada français.
Fondateur et animateur de la revue Cité libre, il y déploie une opposition féroce au nationalisme traditionnel. En 1965, il adhère au Parti libéral fédéral et est élu député. Nommé ministre de la Justice en avril 1967, il se distingue par un projet de loi controversé qui libéralise le Code criminel sur l'avortement et l'homosexualité, et la loi sur le divorce.
En avril 1968, Trudeau devient Premier ministre, en remplacement de Lester Pearson, chef du Parti libéral. Capitalisant sur le succès de curiosité que suscitent sa promesse d'une « société juste » et plus encore son personnage de célibataire séduisant et non conformiste (on parle alors de « trudeaumanie »), il déclenche aussitôt des élections qui donnent au gouvernement libéral la majorité. Trudeau fait adopter la loi sur les langues officielles, qui consacre le droit pour les Canadiens d'être servis par l'administration fédérale en français ou en anglais partout dans le pays.
Ce premier mandat est assombri par la crise d'octobre 1970, qui se solde par l'assassinat, par le Front de libération du Québec, du ministre québécois Pierre Laporte.
Aux élections de 1972, Trudeau subit un revers inattendu. À la suite de l'amertume suscitée au Canada anglophone par sa politique de bilinguisme, son gouvernement devient minoritaire aux Communes. Mais il manœuvre habilement et, aux élections de 1974, il redevient majoritaire. Cinq ans plus tard, à l'issue d'un troisième mandat sans gloire, Trudeau perd le pouvoir au profit d'un gouvernement conservateur minoritaire. En novembre 1979, il annonce qu'il abandonne la politique. Sa carrière paraît terminée.
À la surprise générale, le destin lui sourit. Trois semaines après l'annonce de sa démission, le gouvernement conservateur trébuche aux Communes sur une motion de censure et des élections sont immédiatement organisées. Après un court suspense, Trudeau retire sa démission et revient au pouvoir, en février 1980. Peu après, il prend part à la campagne référendaire québécoise et ses interventions marquantes contribueront au triomphe du non à la souveraineté, avec 60 p. 100 des voix.
Gonflé à bloc, il entreprend la réalisation du rêve de sa vie : rapatrier la Constitution canadienne (c'est-à-dire donner aux corps législatifs canadiens le pouvoir de la modifier sans demander l'approbation de Londres) et lui ajouter une Charte des droits. L'accouchement se fera au forceps. En octobre 1980, il amorce le processus malgré l'opposition de huit des dix provinces. En constatant dans son jugement de septembre 1981 l'inconstitutionnalité du procédé choisi par Trudeau, la Cour suprême l'accule au compromis. En novembre 1981, Trudeau réussit à détacher le chef du gouvernement québécois, l'indépendantiste René Lévesque, de ses alliés des autres provinces, tandis que son ministre de la Justice Jean Chrétien conclut avec celles-ci un compromis que Trudeau acceptera à contrecœur. Lévesque refusera d'entériner l'accord conclu en son absence. En 1984, après quinze ans et demi de pouvoir, Trudeau se retire de la vie politique.
Revenu à Montréal, Trudeau sort de l'ombre en 1987 en s'opposant violemment à l'accord du lac Meech qui, en reconnaissant le Québec comme société distincte, lui semble détruire son œuvre. La non-ratification de l'accord, trois[...]
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Écrit par
- Louis MASSICOTTE
:
visiting professor in democracy and elections , American University, Washington
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