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FÉDIDA PIERRE (1934-2002)

Grande figure de la psychanalyse et de l'Université française, Pierre Fédida est un intellectuel internationalement reconnu. Assumant de multiples responsabilités éditoriales, il a notamment fondé et co-dirigé avec Daniel Widlöcher la Revue internationale de psychopathologie et avec Dominique Lecourt la collection des « Forum Diderot » (P.U.F.).

Formation et carrière

Pierre Fédida est né à Lyon le 30 octobre 1934 d'un père juif sépharade et d'une mère catholique lyonnaise. Parallèlement à des études de philosophie poursuivies jusqu'à l'agrégation (1962), il se forme à la psychologie à Lyon et à Montpellier. Il exerce comme psychologue clinicien à l'hôpital des armées de Lyon, dans le service de neurologie (1960-1962), avant d'enseigner la philosophie et la psychopédagogie à l'École normale, puis la psychologie à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon. C'est auprès de Ludwig Binswanger, à Kreuzlingen, qu'il acquiert une solide formation clinique et théorique en psychiatrie existentielle et en psychopathologie phénoménologique (husserlienne). Il fait son analyse didactique avec Georges Favez et inscrit son trajet psychanalytique dans le cadre de l'Association psychanalytique de France, qu'il préside entre 1988 et 1990. Sa notoriété au sein de l'I.P.A. (International Psychoanalytical Association) n'empêche pas ses échanges avec les psychanalystes lacaniens. Avec beaucoup d'intelligence, d'élégance et de séduction, il sait créer de véritables lieux de débats, en toute indépendance.

À l'université, c'est auprès de Juliette Favez-Boutonier que Pierre Fédida est appelé à devenir maître-assistant en 1967, participant à la création de l'U.E.R. de sciences humaines cliniques de Paris-VII en 1969. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat d'État en 1978, il est nommé professeur l'année suivante, toujours à Paris-VII. D'abord dans le cadre du laboratoire de psychanalyse de Jean Laplanche, puis à la direction de son propre laboratoire de psychopathologie fondamentale en 1989, il réalise une tâche essentielle, formant en particulier de très nombreux enseignants-chercheurs en psychopathologie et psychanalyse. D'importantes fonctions scientifiques et politiques lui sont confiées à Paris-VII, où il est vice-président de l'université, directeur de la formation doctorale, directeur d'U.F.R., etc. Soucieux de promouvoir l'enseignement et les recherches psychanalytiques à l'université, il fonde en 2000 le séminaire inter-universitaire européen d'enseignement et de recherche en psychopathologie et psychanalyse (S.I.U.E.E.R.P.P.), qui regroupe aujourd'hui près de deux cents enseignants-chercheurs en psychopathologie clinique, jusque-là divisés par des querelles d'école.

C'est en 1993 qu'il fonde, avec Dominique Lecourt, le Centre d'études du vivant, dont la vocation est de mettre en débat éthique et philosophique, recherches et interrogations engendrées par les sciences du vivant, comme « rattrapées » par la portée sociale et humaine de leurs fulgurantes mutations technologiques. Ces débats entre scientifiques, philosophes, juristes et psychanalystes, sont prolongés par les forums Diderot, et donnent lieu à de nombreuses publications aux Presses universitaires de France, sous sa direction : L'Embryon humain est-il humain ? (1996), La Fin de la vie, qui en décide ? (1996), Demain les psychotropes ? (1998), Qu'est-ce qui guérit dans la psychothérapie ? (2000), Peut-on être vivant en Afrique ? (2000), Soigner sans risques ? (2001). C'est dans le même esprit qu'il crée avec Julia Kristeva et François Jullien l'Institut de la pensée contemporaine.

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Écrit par

  • : professeur de psychopathologie à l'université de Provence (Aix-Marseille-I), psychanalyste, directeur du Laboratoire de recherches en psychopathologie clinique

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