BRETONNEAU PIERRE FIDÈLE (1778-1862)
Médecin français né dans une famille comptant de nombreux médecins. La Révolution ne facilite pas les études que Bretonneau poursuit sans aborder ni le grec ni le latin. Il entre à l'École de santé de Paris, où il a pour condisciples Dupuytren, Bayle, Récamier, Esquirol. Il se passionne pour la botanique et pour la physique, installe chez lui un laboratoire, fabrique des baromètres, des thermomètres, des endoscopes. Après avoir réussi ses deux premiers examens, il échoue au troisième (portant sur ses matières favorites) parce qu'une discussion s'est élevée durant l'épreuve entre le professeur Boyer et lui, discussion où Bretonneau soutient son point de vue avec intransigeance. Révolté par l'injustice de cet échec, il rentre en 1801 à Chenonceaux sans passer son doctorat, devient officier de santé, et partage son temps entre ses malades et l'étude des sciences naturelles. Sa réputation grandit en Touraine au point que les autorités tourangelles souhaitent le nommer médecin-chef de l'Hôpital général ; mais le doctorat en médecine étant exigé, il retourne à Paris, apprend le latin, et soutient sa thèse en 1815 sur L'Utilité de la compression et en particulier du bandage de Theden dans les inflammations idiopathiques de la peau : il démontre que le pansement peut être préventif, curatif et antiseptique (cinquante ans avant Lister, il insiste sur cette notion).
Dès son retour, il dirige l'hôpital de Tours qui porte actuellement son nom. Deux épidémies, l'une de typhoïde, l'autre de diphtérie, lui permettent de dégager des conclusions qui vont à l'encontre des idées de l'époque. Au cours des épidémies de typhoïde de 1818 et 1819, il découvre par l'anatomie pathologique que la lésion principale siège dans l'intestin grêle (ce que la bactériologie confirmera) et qualifie ce syndrome de dothiénentérie. Au cours d'une épidémie d'angines couenneuses, il précise, par la confrontation de la clinique et de l'anatomie pathologique, le caractère particulier du croup : la fausse membrane, d'où le nom de « diphtérite » qu'il donne aux angines à pseudomembranes (couenneuses). Dans son traité Des inflammations spéciales du tissu muqueux et en particulier de la diphtérite ou inflammation pelliculaire (1826), il distingue l'angine couenneuse des autres types d'angines, précise le siège de la lésion et son étendue, et le premier il applique la trachéotomie. En l'espace de quelques années, il démontre ainsi, par une méthode anatomo-clinique rigoureuse, la spécificité de ces deux graves maladies infectieuses et, s'opposant à la doctrine physiologique défendue par Broussais, il énonce le caractère particulier de chaque maladie : étiologie spécifique, lésion spécifique, traitement spécifique. Sa théorie de la spécificité rencontre des opposants, mais avec ses disciples, Trousseau et Velpeau, il défend une doctrine médicale que l'ère bactériologique confirmera avec éclat.
Son enseignement à l'hôpital de Tours est suivi avec passion, et parallèlement la recherche l'occupe : il préconise la prise de quinine avant les accès de paludisme (méthode de Bretonneau), en précise la posologie et les accidents thérapeutiques secondaires ; il améliore le traitement de la variole, de la scarlatine, et s'intéresse à l'acupuncture. Cependant il publie peu, laissant ce soin à ses élèves, notamment Armand Trousseau (1801-1867).
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
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TROUSSEAU ARMAND (1801-1867)
- Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
- 501 mots
Né à Tours le 14 octobre 1801, Armand Trousseau est d’abord formé comme professeur de lettres classiques et devient répétiteur au lycée de Châteauroux. Il est remarqué par Pierre Fidèle Bretonneau, grand médecin de Tours, qui l'engage dans son service à l'hôpital de Tours et lui fait entreprendre...