FOURNIER PIERRE (1906-1986)
Le violoncelle qui chante
Le répertoire de Pierre Fournier couvrait la totalité de la littérature destinée au violoncelle : musique de chambre, soliste ou concertante (il a notamment fait revivre le Concerto en ré majeur de Joseph Haydn, et son deuxième enregistrement du Concerto de Dvořák, sous la direction de George Szell, a constitué pendant de nombreuses années une référence en la matière). Plusieurs compositeurs ont écrit à son intention : Arthur Honegger (1939), Othmar Schoeck (1948), Jean Martinon (1963) et Frank Martin (1965-1966) lui ont dédié chacun un concerto, Bohuslav Martinů (no 1, 1939) et Francis Poulenc (1949) une sonate. Il a créé le Concertino d'Albert Roussel en 1937 et la seconde version du Concerto de Martinů en 1955.
Pierre Fournier aura contribué à donner au violoncelle sa véritable identité en révélant toutes les possibilités mélodiques de l'instrument : il savait faire chanter son violoncelle comme la voix humaine, ce qui a fait dire à Colette que Pierre Fournier « chantait mieux que tout ce qui chante ». Il tirait de son Matteo Goffriller de 1722 et de son Miremont des sonorités puissantes et envoûtantes, mais son approche esthétique était dominée par la sobriété, par un goût musical parfait, la discrétion, l'élégance. Il cherchait davantage à émouvoir qu'à surprendre : « Faire de la musique signifie aimer pour transmettre aux autres, à ceux qui sont émus par votre grâce, cet amour, et créer avec eux un lien indissoluble, un royaume sans frontière. » Mstislav Rostropovitch, qui avait organisé à Zurich un hommage émouvant pour son soixante-quinzième anniversaire, en 1981, parlait de lui en l'appelant « mon ami, mon idole et mon dieu ».
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Média