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HADOT PIERRE (1922-2010)

Le rapport du philosophe à lui-même et au monde

Ce qui ressort en définitive de cet effort d'exégèse, c'est que l'on ne peut comprendre les œuvres philosophiques de l'Antiquité qu'à la condition de reconnaître que leur véritable finalité était l'influence qu'elles pouvaient exercer sur le lecteur. Dès lors, la philosophie antique apparaît fondamentalement comme un exercice spirituel de transformation de soi, qui consiste d'abord à « apprendre à vivre » par l'observation de soi-même, en pensée ou sous forme de méditations écrites ; à « apprendre à dialoguer » pour se connaître soi-même par l'effort dialectique commun vers la vérité ; à « apprendre à mourir » dans la lucidité et la sérénité de soi, « en passant d'une vision des choses dominées par les passions individuelles à une représentation du monde gouvernée par l'universalité et l'objectivité de la pensée ».

Ce programme de triple conversion par prises de conscience successives n'est pas une fin en soi. L'intériorisation n'est pas le solipsisme, ni une esthétique de l'existence, comme le montre en 1989 la réplique à Michel Foucault. La raison d'être de ces exercices spirituels stoïciens, dont Pierre Hadot estime qu'il est possible pour l'homme d'aujourd'hui de les mettre en pratique, reste le dépassement de soi-même et de son individualité pour s'élever « à un niveau psychique supérieur dans lequel on retrouve un autre type d'extériorisation, une autre relation à l'extérieur, une nouvelle manière d'être-au-monde et qui consiste à prendre conscience de soi comme partie de la Nature, comme parcelle de la Raison universelle », autrement dit qui consiste à réaffirmer sans cesse la valeur éthique, universelle entre toutes, de la communication.

— Michel TARDIEU

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