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SUBLEYRAS PIERRE-HUBERT (1699-1749)

Étrange et paradoxale destinée que celle de Pierre-Hubert Subleyras, artiste français dont presque toute la carrière se déroule à Rome, à tel point qu'on le classe parfois dans l'école italienne et que Mariette le prénomme Pietro ; provincial rêvant de Paris, où il ne passe que deux ans ; « franc-tireur » de la peinture sans autre maître que Rivalz, quasiment sans élèves, mais dont l'œuvre est inséparable de l'enseignement de l'Académie de France et de la clientèle romaine comme des relations avec d'autres Français de Rome : Joseph Vernet dont il fut l'intime, Trémolières dont il sera le beau-frère. Paradoxe encore d'un cursus des plus classiques pour un jeune provincial, mais qui ne débouchera jamais sur la carrière traditionnelle d'un Natoire ou d'un Van Loo. Paradoxe enfin d'un artiste apprécié de son vivant à Rome où il exécute presque toute son œuvre, jouissant de la protection de cardinaux et du pape, seul Français en son siècle à recevoir une commande pour Saint-Pierre, et pourtant mal connu dans son pays d'origine, encore aujourd'hui.

La famille est d'Uzès ; un hasard le fait naître à Saint-Gilles-du-Gard. Le père, peintre médiocre, lui aurait donné les premiers rudiments de son art, suivi par un chartreux élève de Le Brun. Vers quinze ans Subleyras va à Toulouse dans l'atelier de Rivalz. Il collabore avec lui, exécute quelques portraits, reçoit commande de peintures pour la chapelle des Pénitents blancs. Il en peint cinq avant de partir pour Paris suivre les cours de l'Académie. Son travail, joint à ses dons naturels, lui fait obtenir l'année suivante (1727) le premier prix de peinture avec le Serpent d'airain. En 1728, il est à Rome et n'en reviendra plus. Il parvient à demeurer sept ans au palais Mancini, sept ans pendant lesquels il travaille avec assiduité, copie les œuvres des maîtres et commence à se faire connaître : Madone des 7 Douleurs pour la Trinité-des-Monts, Ecce Homo, allégories, amours de Psyché. Remarqué par le duc de Saint-Aignan, ambassadeur de France, il peint pour lui un Martyre de saint Hippolyte et des sujets des Contes de La Fontaine. En 1737 il peint pour les chanoines du Latran à Asti le Repas chez Simon, qu'il gravera à l'eau-forte. Il est membre de l'Académie de Saint-Luc en 1740, et aussi de celle des Arcadiens, sous le surnom de Protogène. L'homme est affable, cultivé ; sa vie est simple, consacrée à sa famille et au travail. Les dix dernières années de sa vie, celles de la plénitude de son art, sont marquées par une énorme production malgré une santé de plus en plus fragile, qui lui fera passer plusieurs mois à Naples en 1748. « Son fort sera le portrait, l'histoire est trop difficile », écrivait Vleughels en 1735 ; pourtant sa peinture se partage principalement entre ces deux genres. Le pape Benoît XIV « qui l'aimoit particulièrement » (Dezallier) lui commande en 1741 son portrait, et en 1747 la Messe de saint Basile pour être exécutée en mosaïques pour Saint-Pierre. Et c'est au pontife que les Camillins offrent Saint Camille de Léris conjurant l'inondation et Sainte Catherine de Ricci (1746). Parmi les peintures religieuses les plus célèbres, mentionnons le Christ en croix avec des saints (1744), Saint Ambroise et Théodose peint pour les Olivétains en 1745 en pendant avec Saint Benoît ressuscitant un enfant, et le Martyre de saint Pierre. Cette peinture ainsi que la Messe de saint Basile et le portrait de Benoît XIV figurent dans l'Atelier du peintre, tableau dans lequel Subleyras se représente deux fois et donne une sorte de testament pictural : y sont également évoqués plusieurs portraits, des scènes mythologiques (Barque de Caron, Prométhée), ainsi que le grand portrait allégorique montrant le duc de Saint-Aignan ceignant du cordon[...]

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