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JONQUÈRES D'ORIOLA PIERRE (1920-2011)

Pierre Jonquères d'Oriola demeure le plus célèbre cavalier français. Il a notamment remporté deux fois le concours individuel de saut d'obstacles aux jeux Olympiques (1952, 1964) – un exploit unique. Homme au caractère entier, personnage haut en couleur, bon vivant, il n'hésitait pas à afficher publiquement ses idées, ce qui l'a conduit à se rapprocher un moment de l'extrême droite française. Il fut aussi, à la fin des années 1960, le premier cavalier français sponsorisé par la marque de champagne Moët et Chandon.

Pierre Jonquères d'Oriola est né le 1er février 1920 à Cornelia-del-Vercors (Pyrénées-Orientales), dans une famille de propriétaires terriens. Bien que sa mère se montre réticente, son père, qui est un excellent cavalier, l'initie très jeune à l'équitation : avec lui, le garçonnet forge son style, fondé sur une équitation naturelle, rênes courtes et buste porté vers l'avant. À douze ans, il participe à sa première compétition équestre. Il effectue une scolarité sans histoires, mais, à dix-sept ans, il décide de quitter le lycée, sans avoir obtenu son baccalauréat, pour travailler avec son père dans l'exploitation viticole familiale. Après la Seconde Guerre mondiale, il intègre l'équipe de France en 1946, et il remporte son premier concours – il en gagnera plus de cinq cents au cours d'une carrière longue d'un demi-siècle.

Le cavalier fait ses débuts olympiques aux Jeux d'Helsinki, en 1952. Quelques jours avant son entrée en scène, son cousin, Christian d'Oriola, a remporté le concours individuel de fleuret, et les deux Catalans ont dignement fêté ensemble ce succès. Le 3 août, montant Ali-Baba, un cheval anglo-arabe, Pierre Jonquères d'Oriola effectue un premier parcours décevant ; mais, dans le second, il réalise le sans-faute et, après barrage, il s'adjuge la médaille d'or.

Son second titre olympique, obtenu en 1964 à Tōkyō, marque réellement les esprits. En effet, durant ces Jeux, la délégation française multiplie les contre-performances : le concours individuel de saut d'obstacles est la dernière épreuve des Jeux et, comme à Rome en 1960, aucun Français n'a obtenu une médaille d'or. Le samedi 24 octobre au matin, la prestation du cavalier, montant Lutteur-B, un petit bai brun âgé de neuf ans, se situe dans le prolongement de ces multiples échecs : le couple commet trois fautes, et Pierre Jonquères d'Oriola semble hors du coup pour le titre. Cette performance décevante n'empêche pas ce bon vivant de s'offrir un déjeuner copieux en compagnie du général de Castries. Le vin et les bons plats lui auraient-ils redonné confiance ? Toujours est-il que, dans la seconde manche, Lutteur-B ne heurte aucun obstacle, alors que tous les rivaux de Pierre Jonquères d'Oriola multiplient les erreurs. La Marseillaise retentit enfin à Tōkyō. Pierre Jonquères d'Oriola ajoute, avec Janou Lefebvre et Guy Lefrant, la médaille d'argent par équipes.

Ce succès vaut à Pierre Jonquères d'Oriola une soudaine notoriété – L'Équipe consacre une demi-page au cavalier, il fait la une de Paris Match –, ce qui lui permet de critiquer publiquement la Fédération française d'équitation, avec laquelle il entretient des relations difficiles (les dirigeants avaient envisagé de ne pas le sélectionner pour les Jeux, estimant qu'il était trop âgé), ou de refuser une invitation du général de Gaulle.

En 1966, sur Pomone-B, il devient à Buenos Aires le premier Français couronné champion du monde de saut d'obstacles. En 1968, aux Jeux de Mexico, montant Nagir, il obtient la médaille d'argent dans le concours par équipes, avec Janou Lefebvre et Marcel Rozier. En 1972, à cinquante-deux ans, il est retenu pour participer aux Jeux de Munich ; mais, comme la Fédération française ne lui[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Autres références

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