LÉPINE PIERRE (1901-1989)
Né à Lyon en 1901, Pierre Lépine s'engagea lui aussi dans la carrière médicale. Il fut externe, puis interne des hôpitaux de Lyon et, très tôt, s'intéressa au travail de laboratoire : au cours de ses études médicales, il fut moniteur de physiologie à la faculté des sciences, puis assistant de parasitologie dans le laboratoire de Guiart et fréquenta le laboratoire d'anatomie pathologique. Pendant cette période, il commence des recherches sur les cultures de trypanosomes et sur l'amibiase tout en rêvant de grands voyages. L'occasion se présenta alors qu'il avait vingt-trois ans : un soir, ses parents recevaient à la table familiale le professeur René Leriche. Il revenait de Paris où il avait appris qu'on recherchait un parasitologue français pour se rendre à la Jamaïque où devait se tenir un congrès de médecine tropicale. Il suggéra à Pierre Lépine d'aller à ce congrès, ce qu'il accepta avec enthousiasme. Il y rencontra, entre autres savants, Noguchi. Celui-ci vivait aux États-Unis. Il avait été remarqué par Flexner qui, chargé par John D. Rockefeller de créer un institut de recherches sur les maladies infectieuses, procédait au recrutement de chefs de file. C'est ainsi qu'avaient été retenus Carrel, Landsteiner et Noguchi, qui furent parmi les premiers chefs de laboratoire du célèbre institut. Quand Noguchi proposa à Pierre Lépine de l'accompagner en Amérique centrale, au Honduras, celui-ci accepta sans hésitation. Ils travaillèrent ensemble dans un laboratoire de fortune installé à l'hôpital de Kingston par la fondation Rockefeller. Pierre Lépine évoquait souvent le souvenir très affectueux qu'il avait gardé de Noguchi. C'est par lui qu'il connut les membres de la fondation Rockefeller qui après la soutenance de sa thèse en 1925 sur « Les Conditions sanitaires dans l'Amérique tropicale », lui proposèrent une place de professeur de pathologie à la faculté de médecine de l'université américaine de Beyrouth.
À son retour en France, Pierre Lépine fit la connaissance de Constantin Levaditi qui accepta de le prendre dans son laboratoire de l'Institut Pasteur. Il y reste jusqu'en 1930, travaillant dans l'enthousiasme en parfaite entente avec son patron, sur la syphilis expérimentale et son traitement, mais aussi sur divers virus dont ceux de l'herpès et de la poliomyélite. C'est pendant cette période que Lépine montre pour la première fois que la poliomyélite pouvait être transmise par voie digestive au singe Cynomolgus (découverte importante qui confirma expérimentalement la voie de la contamination humaine). C'est aussi là qu'il isola avec Levaditi et Ravaut la première souche francaise de l'agent de la maladie de Nicolas et Favre. Mais, en 1930, Pierre Lépine dut accéder à la demande pressante de Calmette pour qu'il succède à Georges Blanc à la direction de l'Institut Pasteur d'Athènes. Son séjour en Grèce dura quatre ans et demi. Ici ses travaux portèrent sur le typhus exanthématique, la fièvre boutonneuse, la spirochétose ictérohémorragique, la peste, le kala-azar, la lèpre.
Quant survint la mort de Roux, le service de la rage de l'Institut Pasteur de Paris se trouva sans titulaire. La direction demanda à Lépine de lui succéder et le nomma en 1935 chef de service adjoint de Levaditi, puis en 1938 chef du service de la rage. La rage allait de ce fait devenir son principal sujet d'études. Il améliore la technique de vaccination, remplace le vaccin classique de Pasteur par le vaccin préparé à partir de cerveaux phéniqués. Dans le même temps, il isole pour la première fois en France le virus de la chorioméningite lymphocytaire dont il fit avec Pierre Mollaret une étude minutieuse du pouvoir pathogène pour l'homme et l'animal.
Après avoir été affecté à l'armée[...]
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Écrit par
- Léon LE MINOR : docteur en médecine, docteur ès sciences, membre de l'Académie de médecine, chef du service des entérobactéries à l'Institut Pasteur
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