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MERTENS PIERRE (1939-2025)

Article modifié le

Pierre Mertens - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

Pierre Mertens

L’écrivain belge Pierre Mertens est né le 9 octobre 1939 à Berchem-Sainte-Agathe (près de Bruxelles), le jour où Hitler décida, en portant son offensive à l'ouest, d'envahir les Pays-Bas et la Belgique. Histoire publique et destin privé se confondent dès l'origine : Mertens est européen et sa culture internationale. Ce Belge francophone ne saurait s'enfermer dans les limites d'un royaume qui ne s'aime guère lui-même, et il a dû parfois faire la preuve qu'il appréciait autant les prix littéraires belges (le prix Victor Rossel en 1969 pour son premier roman, L’Inde ou l’Amérique) que le Médicis français en 1987 pour Les Éblouissements.

Fiction et réalité

De son enfance bruxelloise, on retiendra l'amour qu'il porta à sa grand-mère, les pièces de théâtre qu'il rédigeait pour son école, l'accident de bicyclette, à treize ans, au cours duquel il fut renversé par la Ferrari du roi Léopold III et de son fils Baudoin – un souvenir qui fera retour dans Une paix royale. Adolescent, il découvre l’œuvre de Franz Kafka. Le procès des époux Rosenberg le passionne et le scandalise. Vers vingt ans, il rédige un long manuscrit, Paysage avec la chute d'Icare, d'où procéderont ses premiers écrits narratifs, composés de textes courts et de nouvelles, un genre qu'il affectionne (Le Niveau de la mer, 1970 ; Terreurs, 1980 ; Les Phoques de San Francisco, 1984 ; Les Chutes centrales, 2007).

Docteur en droit international de l’université libre de Bruxelles (L'Imprescriptibilité des crimes de guerre et contre l'humanité, 1974), Pierre Mertens conduit, pour la Ligue des droits de l'homme et Amnesty International, des missions d’observateur judiciaire sur la Grèce des colonels, le Chili de Pinochet et l'URSS de Brejnev, ainsi qu’au Proche-Orient. À partir de 1971, le journal Le Soir l’invite à publier plusieurs centaines de chroniques sur des écrivains majeurs tels que Cortázar, Musil, Bernhard, Nabokov, ou bien oubliés comme Paul Gadenne. C'est dans Les Nouvelles littéraires qu'il formule en 1976 la notion de « belgitude ». Cet homme couvert d'honneurs et lauréat de nombreux prix littéraires, succède à Lucien Goldmann à la chaire de sociologie de la littérature à l'université libre de Bruxelles, et entre en 1989 à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

Il meurt le 19 janvier 2025 à Watermael-Boitsfort (Bruxelles)

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Pierre Mertens - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

Pierre Mertens

Autres références

  • BELGIQUE - Lettres françaises

    • Écrit par et
    • 17 496 mots
    • 5 médias
    ...François Weyergans, chez Thierry Haumont que chez Francis Dannemark. Cette présence se manifeste particulièrement dans Les Éblouissements (1987) de Pierre Mertens, roman qui, à travers un des grands poètes de ce siècle, Gottfried Benn, scrute les errements auxquels a pu mener le nazisme. Mertens,...

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