GRASSÉ PIERRE-PAUL (1895-1985)
Le zoologiste francais Pierre-Paul Grassé est connu pour son importante œuvre scientifique dont le monumental Traité de zoologie.
Né à Périgueux le 27 novembre 1895, Pierre-Paul Grassé a commençé sa carrière de chercheur dans le laboratoire de zoologie de Montpellier, dirigé par Octave Dubosc (1868-1943). Le milieu scientifique dans lequel il se trouvait et assurément ses goûts personnels l'ont amené à étudier les protozoaires, des êtres unicellulaires, donc les organismes les plus simples du règne animal. Il a apporté une contribution fondamentale à la systématique de certains groupes, les sporozoaires par exemple ; il a retracé le cycle évolutif de plusieurs formes de flagellés et étudié leurs structures et leur ultrastructure.
L'observation de l'animal en action, la possibilité de le soumettre à l'expérimentation ont toujours constitué, pour Grassé (avec, comme fil conducteur, les principes transformistes) une voie de recherche qu'il a suivie tout au long de sa carrière. Les animaux sociaux ont été son matériel de prédilection. Ils posent de multiples problèmes et se prêtent aisément à l'expérimentation ; c'est en particulier le cas des termites. Chez les insectes, l'état social atteint le maximum de complexité. Pour les observer dans leur milieu et leur organisation sociale, Grassé a entrepris trois grands voyages en Afrique, continent spécialement riche en termites, visitant successivement le Sahara, l'Afrique occidentale (Niger, Haute-Volta, Côte-d'Ivoire et Guinée), l'Afrique équatoriale (Tchad, Oubangui).
Il a ainsi rénové une grande partie de la systématique de ces insectes : il a décrit les curieux aspects de leur sexualité qui offre des caractères que l'on ne rencontre dans aucun autre groupe animal ; il a mis en évidence les principales fonctions concernant les phénomènes sociaux : effet de groupe, corrélation sociale, régulation sociale. Les trois volumes regroupés sous le titre Termitologia couronnent ces vastes recherches.
Titulaire, à la Sorbonne, de la chaire d'évolution des êtres organisés, Grassé se devait d'apporter une contribution à l'évolutionnisme – et, dans ce domaine, il a donné d'importants travaux sur l'adaptation et les mécanismes de l'évolution. Dans un beau livre, L'Évolution du vivant (1973), il souligne les paralogismes de maintes théories modernes, il rejette l'aléatoire auquel tant d'auteurs accordent un rôle primordial et, selon lui, une finalité de la création ne peut être exclue.
Grassé a abordé le problème de l'homme, mieux, le phénomène humain. Il l'a étudié non pas en anthropologiste, mais en biologiste, avec l'expérience que lui donnait sa connaissance de la vie. En quels termes et selon quelle perspective convient-il de poser le problème de l'homme ? L'homme émerge de l'animalité, il y tient par son être corporel et par ses fonctions ; mais, en dépit de ces ressemblances structurales, il est bien autre chose qu'un animal. Pour comprendre l'homme, il faut aller bien au-delà de son anatomie. Certes, son évolution s'est déroulée selon les règles qui conditionnent celle des autres animaux, mais elle s'est orientée vers un accroissement et une complication du cerveau, spécialisation qui toutefois n'est pas comparable à celle qu'on observe dans le règne animal. Elle ne condamne pas l'être humain à n'exécuter qu'une seule catégorie d'actes ; elle le rend au contraire apte à tout. Autrement dit, dans le phénomène de l'hominisation, il y a substitution graduelle de l'acquis à l'inné. Le psychisme joue donc un rôle essentiel dans le déclenchement de l'hominisation ; il en sera aussi le facteur de l'avenir.
Remarquable professeur, Grassé prolonge son enseignement et sa[...]
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Écrit par
- Jean PIVETEAU : professeur honoraire à la Sorbonne, membre de l'Académie des sciences
Classification
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