LEMERCIER DE LA RIVIÈRE DE SAINT-MÉDARD PIERRE PAUL (1719-1801)
D'une famille de financiers, Pierre-Paul Lemercier (ou Mercier) de La Rivière débute comme conseiller au Parlement de Paris. Influent sur ses collègues, écouté par le contrôleur général Moreau de Séchelles, il travaille dans les années 1754-1757 à la conciliation entre le Parlement exilé et la cour. Une fois le Parlement rappelé, Mme de Pompadour lui procure l'intendance des Antilles. De 1759 à 1763, malgré la guerre et, pendant un certain temps, l'occupation anglaise, il administre les « Isles » avec habileté mais se heurte aux négociants français pour avoir voulu rompre le pacte colonial et ravitailler les Antilles avec des produits anglais moins coûteux. Accusé de satisfaire ses intérêts personnels, il est révoqué ; le mémoire justificatif qu'il publie alors rend sa disgrâce définitive mais lui donne une excellente réputation dans le public. Il mène alors une vie retirée et studieuse au sein du groupe physiocratique. En 1767, il publie son Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, ouvrage soigneusement revu par Quesnay, chef de file des physiocrates. Le succès est grand : Diderot, ami personnel de Mercier, impose le livre dans les milieux philosophiques, d'ordinaire très hostiles aux physiocrates ; Catherine II invite l'auteur en Russie mais se lasse vite « d'un homme qui nous supposait marcher à quatre pattes ». Mercier demeurera l'homme d'un seul livre et ne brillera guère dans la suite malgré la considération particulière du roi Gustave III de Suède. Son Ordre naturel traite à la fois de morale, de politique et d'économie : Mercier montre l'existence de lois naturelles que le législateur positif doit respecter ; les principales sont la liberté individuelle et la libre disposition des biens. Il estime que le « despotisme légal » d'un souverain absolu est seul capable de respecter cet ordre naturel car les intérêts personnels d'un monarque héréditaire sont inséparables de ceux de la nation : en effet, le prince et les propriétaires se partagent le produit net de la terre qui fournit au premier l'impôt, aux seconds le revenu. Ainsi Mercier lie dans son raisonnement les principes proprement économiques des physiocrates à leurs opinions morales et politiques. Il n'est pas seulement un économiste : il propose une théorie sociale en même temps qu'une pratique économique.
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Écrit par
- Olivier COLLOMB : diplômé d'études supérieures d'histoire, publiciste
Classification
Autres références
-
DESPOTISME ÉCLAIRÉ
- Écrit par Jean-Jacques CHEVALLIER
- 4 482 mots
- 2 médias
...fortement l'influence des idées dites « physiocratiques ». Diderot déborda, un temps, d'enthousiasme pour l'un des ouvrages capitaux dus à la « secte » : L'Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, paru en 1767, qui avait pour auteur Lemercier de La Rivière, ancien intendant, « un de ces...