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RUBENS PIERRE PAUL (1577-1640)

Rubens et le problème de l'atelier

Rubens a eu tant d'élèves et de collaborateurs qu'un paragraphe spécial doit être consacré au difficile problème de son studio, et ce d'autant plus que les exigences modernes (et les critères) d'authenticité risquent ici d'apparaître singulièrement anachroniques. Il faut d'ailleurs distinguer d'abord les collaborateurs spécialisés qui, suivant un usage de la division du travail répandu chez les peintres nordiques des xvie et xviie siècles, peignaient pour Rubens divers « accessoires », tels que les animaux (Snyders, Breughel de Velours, Paul de Vos), les fleurs (Breughel de Velours, grand ami de Rubens – une collaboration est attestée par archives pour la Vierge à l'Enfant dans une guirlande de fleurs, au Louvre, peinte en 1621 pour le cardinal de Milan, Frédéric Borromée), les paysages (Jan Wildens, Pieter Snayers, Lucas van Uden), tandis que Rubens se limitait à l'exercice « noble » de la figure (ainsi dut-il œuvrer avec le peintre d'intérieurs et de natures mortes, Cornelis Saftleven, vers 1632-1633). On peut imaginer que nombre de ces collaborateurs, par essence occasionnels, n'ont pas laissé leurs noms. Par ailleurs, Rubens eut beaucoup d'élèves, en Italie déjà, par exemple un certain Deodat Delmont qui n'est pas autrement connu ; ainsi peut-on citer les mystérieux Michel (mort en 1622) et Maximilien (cité en 1623), connus par leurs seuls prénoms et qui étaient peut-être des serviteurs autant que des collaborateurs ; cependant Rubens mentionne dans une lettre de 1611 avoir eu plus de 100 élèves. En 1618, il signale expressément à Carlton que des tableaux mis en vente par lui sont des travaux d'élèves ; en 1621, le Danois Otto Sperling visite sa demeure et décrit la salle des élèves du maître, occupés à peindre d'après ses dessins à la craie, qui comportaient quelques rapides indications de couleurs. L'intervention d'élèves est le plus clairement attestée dans la série de la Parada où maintes toiles sont signées par les collaborateurs (on peut citer ainsi les noms de Cornelis de Vos, Erasmus Quellinus, Jacob Jordaens, Peter Symons, Jan Baptist Borrekens, Theodor van Thulden, Jan Cossiers, Jacob Peter Gowy, Jan van Eyck). En dehors de Van Dyck dont le rôle fut d'ailleurs à lui seul essentiel (comme celui de Jordaens), il faut encore nommer comme ayant appartenu à l'atelier de Rubens (et d'après la liste de Glück dans Thieme-Becker, 1935) Soutman, Vorsterman (déjà mentionné plus haut à cause de sa tentative de meurtre contre Rubens), Jacob Moermans, cité en 1622, Juste d'Egmont, cité en 1624 comme ayant accompagné et aidé Rubens lors de l'achèvement et de la mise en place de la galerie Médicis à Paris, Panneels, graveur entre 1624 et 1630 dans l'atelier de Rubens, Schut, Boeckhorst, Frans Wouters, Jan van den Hoecke, Nicolas van der Horst. Citer d'autres noms serait vouloir démontrer la place centrale de Rubens dans le développement de la peinture flamande, évidence bien connue et qui ressortit à une histoire générale de la peinture nordique au xviie siècle. Le succès même de l'action professorale et collective de Rubens implique qu'en aucun cas il ne se comportait comme un maître tyrannique et qu'il laissait au contraire, à partir de ses projets esquissés ou dessinés, une grande liberté d'exécution et d'improvisation à son atelier.

— Jacques FOUCART

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Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

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<it>Henri IV reçoit le portrait de la reine et se laisse désarmer par l'amour</it>, P. P. Rubens - crédits :  Bridgeman Images

Henri IV reçoit le portrait de la reine et se laisse désarmer par l'amour, P. P. Rubens

L'archiduc Ferdinand, P.P. Rubens - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

L'archiduc Ferdinand, P.P. Rubens

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Adoration des Mages, P. P. Rubens

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