PAULIN PIERRE (1927-2009)
Né à Paris en 1927, Pierre Paulin est sensibilisé au design par son oncle, dessinateur automobile dans l'Angleterre d'avant guerre et à la sculpture par un grand-oncle, Frederik Balthazar Stoll. Il apprend la taille sur pierre à Beaune (Bourgogne), mais en 1947 une grave blessure au bras l'empêche de poursuivre son dessein. Ses parents l'orientent alors vers la poterie, avec laquelle il se familiarise à Vallauris, où Picasso œuvre non loin. Après cette période d'apprentissage, il étudie, jusqu'en 1953, à l'école Camondo à Paris. Cet enseignement, fondé sur une solide connaissance des styles en décoration intérieure le met sur la voie du design. Il est l'élève de l'ensemblier Maxime Old, qui le fait entrer dans le bureau d'études de Marcel Gascoin, véritable pépinière qui formera toute une génération de designers français. Gascoin est un esprit original, influencé par les designers nordiques et qui se spécialise dans le mobilier de rangement. Sous son influence, Paulin effectue l'un de ses premiers déplacements à l'étranger au cap Nord, où il découvre l'architecture et le design scandinaves, et notamment le travail d'Alvar Aalto.
En 1952, grâce l'aide financière de son père, Pierre Paulin édite ses premiers modèles de meubles. L'année suivante, il les expose dans l'annexe du Salon ménager, le Foyer d'aujourd'hui, sous forme d'un appartement inspiré par Gascoin et par l'usage nordique du bois. Cette présentation qui, en cette époque de reconstruction, rejoint les préoccupations touchant l'équipement domestique, lui vaut une première reconnaissance et lui permet d'intéresser des éditeurs de mobilier comme Meubles T.V. et surtout Thonet, avec lequel il collabore de 1952 à 1959.
Pierre Paulin va forger dans la branche française de cette firme autrichienne l'essentiel de sa manière. Ses créations, destinées surtout au secteur tertiaire, se démêlent encore mal de ses influences, puisant tantôt des formes chez Charlotte Perriand, tantôt chez Eero Saarinen, tantôt chez Florence Knoll, mais aussi dans les sièges monocoques de Charles et Ray Eames. Dans les ateliers Thonet, il se familiarise avec les nouveaux matériaux : polyester moulé et armé, latex, acier, contreplaqué dont la technicité permet des assemblages inédits en rupture avec la construction traditionnelle du meuble. En 1957, il met au point avec le fauteuil Anneau 273 le principe de la symétrie inversée entre le piètement et l'assise, cette dernière étant composée d'une structure tubulaire sur laquelle on enfile une housse en tissu extensible préfabriquée et non plus tendue à façon.
Le développement de ces expériences lui est offert de 1959 à 1975 par le fabricant hollandais Artifort. Pierre Paulin y produit une gamme de sièges à housses préfabriquées agrafées sur coque de bois moulée qui, avec les chaises et les fauteuils d'Olivier Mourgue, peut être considérée comme emblématique du design pop en France. C'est en 1959, qu'il affirme son style avec le fameux 560 Mushroom, un siège bas et un repose-pied entièrement couverts d'une membrane en jersey sur mousse Pirelli. Avec davantage d'audace, mais non sans référence au travail de Verner Panton, il signe des sièges où triomphe la courbe tels que le Ribbon Chair (1966) et le très gestuel 577 (1963) évoquant une langue, ou bien de plus grande taille (canapé ABCD 261 aux creux inspirés des boîtes d'œufs, 1968). Il conçoit également des aménagements privés et publics (foyer des artistes à la Maison de la radio, 1961 ; ateliers de Marc Bohan, 1967 ; hall de l'hôtel Nikko, 1976), où s'exprime son intérêt pour les plafonds à structures débordantes voire enveloppantes, ainsi que pour les contrastes de couleur et de matières dans une veine caractéristique du pop.[...]
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Écrit par
- Stéphane LAURENT : maître de conférences habilité à diriger des recherches à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, responsable de la spécialité design, mode, arts décoratifs
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