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RENOUVIN PIERRE (1893-1974)

Né à Paris, Pierre Renouvin fait ses études au lycée Louis-le-Grand et commence une licence de droit. C'est alors qu'il découvre l'histoire. Il prépare son diplôme d'études supérieures sous la direction d'Aulard, célèbre historien de la Révolution française. À dix-neuf ans et demi, en 1912, il est reçu à l'agrégation d'histoire et géographie.

Disposant encore d'un an avant son service militaire, il termine la licence en droit et fait plusieurs voyages, notamment en Allemagne et en Russie.

Mobilisé, il devient lieutenant d'infanterie. Blessé une première fois en février 1916 (il perd alors le pouce de la main droite), il refuse d'être affecté à un état-major. Lors de l'offensive Nivelle, le 16 avril 1917, il commande une section de mitrailleurs sur l'actuelle route de Soissons à Reims, non loin de Berry-au-Bac. Blessé par un éclat d'obus et attendant des secours, il assiste à l'écrasement des premiers tanks de la guerre par l'artillerie allemande. On l'ampute cette fois du bras gauche. Notons qu'il sera admirablement rééduqué et qu'il réussira, avec un bras et quatre doigts, à accomplir tous les gestes courants de la vie.

Il épouse, le 10 juin 1918, Marie-Thérèse Gabalda, fille d'un éditeur, dont il aura trois enfants. Professeur au lycée d'Orléans, il travaille avec acharnement à sa thèse : Les Assemblées provinciales en 1787. Mais une circonstance nouvelle va l'entraîner dans d'autres directions. En effet, André Honnorat, ministre de l'Instruction publique, cherche un jeune historien, ancien combattant, pour mener une vaste enquête, réclamée par l'opinion, sur les origines et l'histoire de la guerre. Pierre Renouvin est le candidat idéal. Dès 1920, il est nommé conservateur de la bibliothèque d'Histoire de la guerre, à Vincennes. Il devient le secrétaire général de la Revue d'histoire de la guerre mondiale (où il a écrit plus de cent trente articles, chroniques et comptes rendus importants) ; après 1928 il sera également le secrétaire général puis le président de la publication des Documents diplomatiques français, 1871-1914.

Chargé en 1922 d'un cours sur l'histoire de la guerre à la Sorbonne, il y est élu professeur en 1933 ; il assumera ce poste jusqu'à sa retraite en 1964. Il joue alors un rôle essentiel dans l'organisation des études historiques à tous les niveaux. Il dirige la section d'histoire à la Sorbonne et préside la section d'histoire moderne et contemporaine au C.N.R.S., au comité consultatif de l'enseignement supérieur. Il est doyen de la faculté des lettres de 1955 à 1958 et y introduit le doctorat de troisième cycle.

Il joue également un rôle prépondérant à l'École libre des sciences politiques, où il enseigne à partir de 1938 et qu'il aide à transformer en Institut d'études politiques.

Enfin, à la mort d'André Siegfried, il devient président de la Fondation nationale des sciences politiques (1959-1971). Il a ainsi fortement marqué non seulement les historiens, mais également les diplomates, les hauts fonctionnaires et membres des grands corps de l'État pendant toute une génération.

Plusieurs académies françaises et étrangères l'avaient élu (l'Académie des sciences morales et politiques en 1946) ; il était docteur honoris causa de Cambridge, de Liège, de Padoue, de Rome. Enfin il était grand croix de la Légion d'honneur.

Quoique Pierre Renouvin ait étendu sa curiosité à une foule de domaines historiques (on trouvera sa longue bibliographie dans le recueil Mélanges Pierre Renouvin. Études d'histoire des relations internationales, Paris 1966), et donné des cours sur une large variété de sujets (on a de lui trente-quatre cours polygraphiés), il a surtout marqué dans deux domaines : la Grande[...]

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