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RICHARD-WILLM PIERRE (1896-1983)

Influencé par la littérature dite d'évasion, le cinéma populaire des années 1930 faisait endosser l'uniforme à des comédiens d'une certaine prestance, à la diction grave – sans doute pour rivaliser avec les acteurs hollywoodiens – qui correspondaient à une certaine idée du héros romantique. L'acteur Pierre Richard-Willm s'est prêté de bonne grâce à ce « jeu de masques », comme il le déclara dans son livre de souvenirs, Loin des étoiles. Plébiscité par le public, il devait tenir cet emploi durant une quinzaine d'années avant de diriger le Théâtre du peuple, à Bussang. L'acteur avait commencé sa carrière dans ce même théâtre, en 1911, avant d'interpréter de nombreux rôles à l'Odéon, notamment celui d'Armand Duval dans La Dame aux camélias (1925), qu'il rejouera avec toujours la même foi au côté d'Edwige Feuillère, au débuts des années 1940.

Venu au cinéma une décennie plus tôt, il connaît un immense succès en 1934 dans Le Grand Jeu de Jacques Feyder, au côté de Marie Bell. Les deux héros portent en eux la « mystique théâtrale » et confèrent une certaine noblesse à des personnages déchus. L'acteur est définitivement lancé, et, selon la tendance de l'époque, ne peut interpréter que des rôles de roi ou d'officier (Les Nuits moscovites, Le Prince Jean, Entente cordiale, La Tragédie impériale). Pierre Richard-Willm assume ces destins hors du commun et s'efforce de ne pas trop verser dans l'emphase. Son jeu est juste, bien que l'acteur ait paru gêné par ce « paradoxe du comédien » qui le contraint à entretenir l'illusion de la jeunesse et de la grandeur.

Il tourne pourtant sans discontinuer avec des metteurs en scène tels que Max Ophüls – Yoshiwara (1937) et Le Roman de Werther (1938) –, Jacques Feyder, Julien Duvivier, Marc Allégret, Marcel L'Herbier. Le couple qu'il forme avec une de ses partenaires préférées, Edwige Feuillère, se reconstitue à l'écran pour une œuvre de prestige, La Duchesse de Langeais (1942), d'après la longue nouvelle de Balzac, ici adaptée par Jean Giraudoux. Le comédien y affine son jeu et l'infléchit dans le sens de la composition, sans toutefois perdre cette aura romantique qui finit par le limiter. Il a pendant cette période quelques rôles intéressants – notamment Le Comte de Monte-Cristo (1943), une des meilleures adaptations du célèbre roman d'Alexandre Dumas, et La Fiancée des ténèbres (1945), essai de fantastique poétique.

Il quittera définitivement l'écran en 1946 après Le Beau Voyage et Rêves d'amour, où il incarne Liszt, pour revenir au monde du théâtre...

— André-Charles COHEN

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