ROSANVALLON PIERRE (1948- )
Carrière universitaire et publications
La carrière académique de Rosanvallon débute en 1978 à l’université Paris-Dauphine comme directeur de recherche. Il y crée avec Jacques Delors, ancien de la CFDT, le centre de recherches Travail et Société. Évoluant des sciences de la gestion et de la sociologie vers la philosophie politique, il soutient trois thèses successives : une sur l’histoire du concept de marché au xviiie siècle (Le Capitalisme utopique, publié en 1979) sous la direction de Claude Lefort ; une en gestion, en 1981, sur les Problèmes théoriques et pratiques de la gouvernementabilité dans les organisations, sous la direction d’Henri Tézenas du Montcel ; et, enfin, en 1985, une thèse de doctorat sur l’histoire du libéralisme français, à nouveau sous la direction de Lefort, qui aboutit à la publication du Moment Guizot. On y trouve une interrogation sur l’absence d’un vrai courant libéral en France qui reviendra régulièrement dans la pensée de Rosanvallon. Élu à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) en 1983, Rosanvallon s’investit au sein d’un groupe de réflexion informel animé par François Furet, où se côtoient notamment Cornelius Castoriadis, Marcel Gauchet, Claude Lefort et Pierre Manent. Ce groupe se retrouve en 1984 au Centre Raymond-Aron, fondé par Furet et que Rosanvallon dirigera de 1992 à 2005. Devenu directeur d’études à l’EHESS en 1989, il entre au Collège de France douze ans plus tard pour occuper la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique. En 2018, à soixante-dix ans, il y devient professeur honoraire.
Rosanvallon est l’auteur d’une trentaine de livres, traduits dans plusieurs langues. Les années 1990 sont marquées par la publication de son ambitieuse trilogie sur l’histoire intellectuelle de la démocratie (Le Sacre du citoyen, 1992 ; Le Peuple introuvable, 1998 ; La Démocratie inachevée, 2000) : il y aborde la question du suffrage universel, de la représentation et de la souveraineté du peuple. Du milieu des années 2000 à celui des années 2010, il consacre une tétralogie aux mutations des démocraties contemporaines : La Contre-démocratie (2006) ; La Légitimité démocratique (2008) ; La Société des égaux (2011) ; Le Bon Gouvernement (2015). Avec ces derniers travaux qui dépassent le cas de la France, la pensée Rosanvallon se fait connaître à l’étranger. Parallèlement, il publie d’autres ouvrages sur l’histoire des relations entre l’État et la société (L'État en France de 1789 à nos jours, 1990 ; Le Modèle politique français. La société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, 2004), sur l’évolution des institutions de la solidarité et des théories de la justice sociale (La Crise de l'État-providence, 1981 ; La Nouvelle Question sociale. Repenser l'État-providence, 1995) ou encore sur l’échec des tentatives de monarchie constitutionnelle en France (La Monarchie impossible. Histoire des chartes de 1814 et 1830, 1994).
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Écrit par
- Paula COSSART : maître de conférences en sociologie, université de Lille, faculté des sciences économiques sociales et des territoires, Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales
Classification
Média
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