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BALLANCHE PIERRE SIMON (1776-1847)

Théosophe lyonnais, dont il est difficile de saisir les idées directrices, qui ne semble d'ailleurs entretenir aucun rapport avec les martinistes et ne mentionne même pas Willermoz, son compatriote. Ce n'est pas par Willermoz que Ballanche s'initie aux doctrines illuministes du xviiie siècle, mais plutôt par la lecture de Joseph de Maistre, de Saint-Martin ou même de Charles Bonnet. Il transpose sur le plan de l'espèce humaine tout entière l'idée de palingénésie individuelle élaborée par ce dernier. Dans sa propre Palingénésie, Ballanche se demande si l'homme n'a pas pour tâche de transformer la terre et « jusqu'à quel point il peut entraîner la nature dans la sphère de la liberté humaine, l'assujettir, l'ennoblir en la domptant, en la subjuguant, en la transformant ». Il écrit dans Orphée : « Le monde détraqué par une intelligence déchue recouvrera son harmonie primitive par cette même intelligence régénérée. » Antimilitariste, anticlérical, Ballanche s'en prend à l'Église officielle ; pour lui, comme il l'explique dans La Ville des expiations, un collège de théosophes devrait se charger de la direction de toute vie spirituelle. Méfiant à l'égard de l'occultisme, du mesmérisme, de Swedenborg, même de Joseph de Maistre, il adopte un mysticisme surtout intérieur.

Ses idées sur la chute originelle, la régénération de la Terre par l'homme lui-même régénéré, la mission paradisiaque d'Adam doivent beaucoup à la pensée martiniste. « Le principe ontologique de l'homme, écrit-il dans La Vision d'Hébal, est un principe cosmologique, et ce principe cosmologique repose dans le dogme de la déchéance et de la réhabilitation. » Saint-martinienne paraît aussi l'idée qui lui fait considérer les victimes de la Révolution comme des victimes d'expiation, ou celle qui lui fait écrire : « Le monde matériel est un emblème, un hiéroglyphe du monde spirituel. »

Mais ce penseur ne pourra jamais se rattacher vraiment à un système, ni en élaborer définitivement aucun ; aussi la timidité de son caractère donne-t-elle à son œuvre le cachet d'un manque d'assurance. Ballanche s'intéresse aux utopies socialistes : Fourier fait ses débuts dans le journal qu'il dirige. Mais il recherche avant tout les fondements du platonisme, s'intéresse au néo-pythagorisme, dont la théorie du langage l'attire ; il doit beaucoup à Fabre d'Olivet (partant, aux doctrines orientales) et ne cessera de se passionner pour l'Égypte ancienne, les antiques initiations. Mais, loin d'adopter le polythéisme comme Fabre d'Olivet, Ballanche reste fidèle au culte du Christ et fait partie du groupe de fervents théosophes fondé en 1804 par Claude-Julien Bredin et par Jean-Marie Ampère sous le nom de Société chrétienne et auquel appartiennent aussi Roux et Gasparin.

— Antoine FAIVRE

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section), professeur à l'université de Bordeaux-III

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Autres références

  • RÉVOLUTION FRANÇAISE

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    • 29 554 mots
    • 3 médias
    ...pensée providentialiste, illustrée également par Louis Ambroise de Bonald (Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile, 1796) et, après la Restauration, par Pierre Simon Ballanche, qui entendent tous deux tirer aussi une leçon religieuse de l'époque révolutionnaire, l'école libérale...