LIGEN PIERRE-YVES (1937-2001)
Pierre-Yves Ligen est né le 30 novembre 1937 à Quimper et décédé le 11 mai 2001 à Fouesnant (Finistère) Il fait de brillantes études au lycée Condorcet à Paris puis à Sciences-po. Auditeur au Conseil d'État à sa sortie de l'E.N.A., en 1964, il effectue, à son retour d'Algérie, une brève mission auprès du directeur de la télévision avant d'entreprendre une exceptionnelle carrière d'urbaniste et d'aménageur.
Le préfet de Paris, Maurice Doublet, l'appelle, en 1968, à la direction de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), nouvel outil chargé de relancer la réflexion sur l'urbanisme de la capitale. La politique de démolition-rénovation est alors en plein développement et connaît des critiques de plus en plus vives
Avec l'équipe de l'Apur, Pierre-Yves Ligen prend une part décisive dans la transformation radicale des conceptions de l'aménagement de Paris. Il prépare les nouveaux documents d'urbanisme – le schéma directeur de la ville de Paris et le plan d'occupation des sols, tous deux approuvés en 1977 – qui s'écartent des idées du mouvement moderne et affirment la nécessité d'une déférence envers la ville existante et son paysage : primauté de l'espace public, respect du tracé des rues et de la silhouette urbaine, limitation des démolitions, souci de l'intégration des bâtiments contemporains dans leur contexte. Ces options sont appliquées bien au-delà des quartiers centraux „historiques“, à des tissus urbains très divers – bourgeois ou populaires – datant pour la plupart du xixe siècle, qui sont ainsi revalorisés.
Pierre-Yves Ligen est également chargé de réfléchir à de grandes opérations, notamment celle des Halles, où il préconise l'abandon des programmes administratifs et tertiaires envisagés, et celle des terrains Citroën dont la libération se prépare. Il intervient dans les grands débats et contribue ainsi à la sauvegarde de la gare d'Orsay, un moment menacée de démolition.
En 1978, Jacques Chirac, maire de Paris, lui confie la direction de l'aménagement de la ville, Pierre-Yves Ligen conservant en même temps celle de l'Apur. Le nouveau responsable entreprend alors la révision systématique des opérations d'aménagement engagées. Le quartier des Halles, réorienté vers le commerce, la culture et les loisirs, est redessiné mais sans que puisse être trouvée une solution architecturale à la hauteur de l'enjeu. Les anciennes „zones de rénovation“ sont réétudiées sur la base des idées développées à l'Apur.
Une série d'opérations nouvelles, conçues dans le même esprit, est lancée sur les vastes emprises acquises par la Ville. En une quinzaine d'années, Paris se dote ainsi de quartiers contemporains et surtout d'un ensemble exceptionnel de grands équipements (Palais omnisports de Bercy, parcs de Bercy, Georges-Brassens et André-Citroën, promenade plantée Bastille-Bois de Vincennes...), et accueille aussi les grands projets culturels réalisés par l'État dont l'équipe de l'Apur a souvent défini les localisations (Opéra-Bastille, Institut du monde arabe, ministère des Finances à Bercy, Bibliothèque nationale François-Mitterrand à Tolbiac).
En 1984, alors que la plupart de ces réalisations sont en cours ou s'engagent, Pierre-Yves Ligen quitte la Ville de Paris pour rejoindre le Conseil d'État après l'annulation du projet d'Exposition universelle à Paris en 1989.
En 1987, il devient président de l'Établissement public du Grand Louvre, poste qu'il occupera pendant deux ans à une période où le chantier des sous-sols et de la pyramide se poursuit, en même temps que se préparent les phases ultérieures du projet.
Revenu à la Ville de Paris en 1990, il est chargé par le maire de la rénovation des Champs-Élysées, dernier[...]
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Écrit par
- Nathan STARKMAN : directeur général de l'Agence de développement et d'urbanisme de Lille
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