COECKE VAN AALST PIETER (1502-1550)
Né à Alost, petite ville de Flandre, où son père était échevin, mort à Bruxelles, Pieter Coecke est, avec les Flamands Lambert Lombard, Michel Coxie, Lancelot Blondeel et le Hollandais Jan van Scorel, un des hérauts de la pré-Renaissance aux Pays-Bas ; comme ces derniers, Coecke est un artiste universel, peintre, architecte, décorateur et théoricien, bref, un artiste tel qu'on l'entendait au xvie siècle, plus concepteur que réalisateur. Peu d'œuvres nous sont parvenues qu'on puisse attribuer à Coecke avec certitude et cela explique l'oubli dans lequel il était tombé, alors que de son temps il était considéré comme une figure de tout premier plan, si l'on en croit les relations des humanistes et des historiens de l'art, presque contemporains, tels Guicciardini, Vasari, Lampsonius et Van Mander. On ne sait rien de sa formation, mais il semble bien que, contrairement à la tradition établie depuis Van Mander, Coecke n'ait pas été formé à Bruxelles dans l'atelier de Van Orley, de 1517 à 1518, car l'influence « romanisante » de ce dernier et de Gossaert n'apparaît que beaucoup plus tard dans son style, et son intérêt pour la tapisserie ne se manifesta pas avant les années 1530. En 1526, établi à Anvers, il épouse Anna Mertens, fille du peintre Jan van Dornicke ; l'année suivante, il est inscrit comme franc-maître à la Gilde d'Anvers ; à la mort de son beau-père, il reprend la direction de l'atelier spécialisé dans la reproduction, destinée à l'exportation vers l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne du Nord et vers la Pologne, de quelques thèmes religieux à succès, à partir d'une série de schémas invariables mis au point dans l'atelier même. C'est probablement autour de 1530 qu'il faut situer le séjour de Coecke à Bruxelles chez Van Orley, le grand fournisseur de cartons pour les tapissiers de cette ville. Par la suite, Coecke introduira à Anvers la technique de la tapisserie, mais les grandes tentures pour lesquelles il va lui-même fournir les cartons, telles la suite de l'Histoire de saint Paul (vers 1535, Munich), celle de l'Histoire de Josué (même année, Vienne) et celle des Sept Péchés capitaux (1537, Madrid), n'en seront pas moins tissées à Bruxelles. C'est selon Van Mander, dans l'intention de fonder une manufacture à Constantinople ou de fournir des cartons à Soliman (projets qui ne se réaliseront pas) que l'artiste se rend en Turquie en 1533, après un séjour en Italie. Il en rapporte des dessins qui ne seront gravés sur bois et publiés qu'en 1553 par les soins de sa veuve et seconde épouse Maria Verhulst. Ces sept gravures, assemblées en un rouleau de sept mètres de long, forment un véritable reportage sur les Mœurs et fachons des Turcs, et leur retentissement, dû à l'exotisme du sujet et à la nouveauté du style, sera grand. À son retour de Turquie, en 1534, Coecke est nommé peintre ordinaire de l'empereur Charles Quint et de la reine Marie de Hongrie. Bientôt, à l'instar de Van Orley, il va abandonner la palette et n'employer que la plume et le lavis pour fournir des projets de tapisseries ou de vitraux. En 1539, il écrit et publie en flamand un résumé du De architectura de Vitruve et, jusqu'à sa mort, il entreprend de publier en traductions faites par ses soins (en français, en flamand et même en allemand) le Traité d'architecture de Serlio. Grâce à ces traductions, Coecke a introduit en Flandre le style de la Renaissance dans l'architecture et les arts décoratifs ; les Flamands n'auront plus besoin d'aller en Italie pour découvrir l'architecture antique. En 1549, enfin, il publie le Triomphe d'Anvers dont il est également l'auteur, relation minutieuse des fêtes et des décors organisés par la ville pour accueillir, à la demande[...]
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Écrit par
- Françoise HEILBRUN : historienne de l'art
Classification
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