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HOOCH PIETER DE (1629-1684)

Né à Rotterdam dans un milieu assez humble, mort à Amsterdam, Pieter De Hooch est, comme ses contemporains Vermeer et Gérard Ter Boch, le peintre de l'intimité bourgeoise. Selon Houbraken, il a été formé à Haarlem dans l'atelier de Berchem, avec lequel, à vrai dire, son œuvre a peu en commun. Il loue bientôt ses services à Justus de La Grange, négociant en drap résidant à La Haye, qui le loge et, en échange, exploite ses talents de peintre, pratique alors fréquente en Hollande. Il quitte son « protecteur » en 1653 pour s'installer à Delft, où il épouse l'année suivante Annette Van der Burgh. En 1655, il est inscrit, à titre étranger, à la gilde de Saint-Luc de cette même ville. C'est sans doute vers 1663, si l'on en juge par le nouveau cadre urbain figurant dans ses tableaux à partir de cette date, qu'il part se fixer à Amsterdam, où il demeure jusqu'en 1682, année de sa dernière œuvre connue. Ensuite, la vie du peintre n'est plus documentée.

Comme Vermeer, Pieter De Hooch a connu une longue période d'oubli complet, moins longue toutefois puisque, à la fin du xviiie siècle, des marchands, tel le célèbre Lebrun, redécouvrent la personnalité de l'artiste, jusque-là considéré comme un imitateur. On compte environ deux cents tableaux de lui, souvent signés de ses initiales et datés, et pas un seul dessin ; chez ce grand coloriste, le dessin a toujours été la partie la plus faible, et des traces de repentir sont souvent visibles dans ses peintures. À chacune des trois étapes de sa vie, vécue dans une ville différente : d'abord Haarlem (et Leyde), puis Delft, enfin Amsterdam, correspond chez Pieter De Hooch une nouvelle manière de peindre et de nouveaux sujets, dans le genre auquel il s'est limité tout au moins. Cette évolution est très représentative de celle de la scène de genre dans la peinture hollandaise du xviie siècle, qui elle-même reflète la transformation de la société où elle trouve son modèle : elle va, en effet de l'évocation d'une vie militaire aux mœurs encore assez rudes et grossières (à l'époque où les Provinces-Unies luttent toujours pour conserver leur indépendance) vers un affinement progressif de la technique et de la psychologie, dans la contemplation de l'existence domestique et quotidienne d'une bourgeoisie dont l'aisance va croissant, pour finir par se dessécher et se figer dans la représentation de plus en plus artificielle et conventionnelle d'un monde désormais entiché de luxe et dont le mot d'ordre n'est plus de vivre mais de paraître.

Le premier tableau connu de l'artiste, Les Cavaliers, au paysage de montagnes d'inspiration manifestement italianisante, est exceptionnel chez De Hooch, qui se limitera par la suite au décor de la maison et de ses dépendances ; sans doute a-t-il été peint lorsque l'artiste était encore dans l'atelier de Berchem, vers 1648. C'est probablement sous l'influence de l'école haarlemoise que De Hooch a abordé dans la première partie de sa vie les thèmes de corps de garde et de beuveries, auxquels le prédisposait fort peu son tempérament tout en retenue et en finesse. Il est d'ailleurs rare qu'il atteigne alors une certaine conviction dans la trivialité, comme c'est le cas dans Le Verre vide (musée Boymans, Rotterdam). À la fin de cette période apparaissent déjà des thèmes un peu différents, comme Le Lever (Ermitage, Saint-Pétersbourg) ou le beau Retour de chasse (National Gallery, Londres), orientés vers la vie familiale et domestique, domaine de prédilection de l'artiste. Si l'intérêt pour le rendu de l'espace n'est pas toujours très clairement exprimé dans les premières compositions, en revanche de rares dons de coloriste et une recherche très poussée d'effets lumineux s'y font nettement sentir, notamment dans [...]

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Dame et sa servante, P. de Hooch - crédits : PHAS/ Universal Images Group/ Getty Images

Dame et sa servante, P. de Hooch

<it>Jeune Garçon apportant des grenades</it>, P. de Hooch - crédits :  Bridgeman Images

Jeune Garçon apportant des grenades, P. de Hooch

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