BENOÎT XIII, PIETRO FRANCESCO ORSINI (1649-1730) pape (1724-1730)
Né à Gravina (dans le royaume de Naples), religieux dominicain (1667) sous le nom de Vincenzo Maria, cardinal à vingt-trois ans (1672) par la faveur de Clément X, son parent, évêque de Manfredonia (1675), puis de Césène en Romagne (1680), archevêque de Bénévent (1686), P. F. Orsini s'acquitta de ses tâches pastorales avec zèle et compétence. Élu pape le 29 mars 1724, il choisit le nom de Benoît et, après quelques jours d'hésitation, décida de signer Benoît XIII et non plus Benoît XIV, ce qui rangeait officiellement parmi les antipapes son prédécesseur d'Avignon, Benoît XIII (Pedro de Luna).
Les affaires jansénistes dominent les problèmes de ce pontificat. Tout en reprenant nettement à son compte les condamnations énoncées par la bulle Unigenitus (1713) de Clément XI, Benoît XIII s'efforce d'écarter l'interprétation excessive qui ferait de ce document comme une officialisation du molinisme ; aussi approuve-t-il positivement l'enseignement des augustino-thomistes sur la grâce efficace et la prédestination. La déposition par le concile d'Embrun (1727) du plus résolu des adversaires de la bulle Unigenitus, l'évêque de Senez, Soanen, n'est qu'un succès apparent, de même que l'acceptation (1728) de la bulle par le cardinal de Noailles, archevêque de Paris ; en réalité le pape est impuissant à dominer la division des esprits.
Rigueur théorique et faiblesse pratique caractérisent l'attitude de Benoît XIII à l'égard des pouvoirs politiques. S'il provoque les protestations des gallicans en approuvant, pour le bréviaire romain, une notice sur saint Grégoire VII, où les prérogatives pontificales sont catégoriquement énoncées, il n'en cède pas moins aux prétentions des régaliens en reconnaissant au roi de Sardaigne le droit de désigner les évêques, et au roi de Naples celui d'instituer dans son royaume un tribunal des affaires ecclésiastiques.
Le prestige personnel de Benoît XIII a été gravement compromis par la confiance aveugle qu'il accorda au cardinal Coscia ; sa scandaleuse vénalité devait valoir à ce dernier, après la mort de son protecteur, dix ans d'incarcération au Château Saint-Ange.
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Écrit par
- André DUVAL : dominicain, archiviste de la province de France
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