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GERMI PIETRO (1914-1974)

Cinéaste et acteur italien, Pietro Germi est né à Gênes. Élève du Centre expérimental du cinéma de Rome, scénariste et assistant de Alessandro Blasetti (1939-1943), il débute dans la mise en scène en 1946 avec Le Témoin (Il Testimone) dont il a écrit le scénario avec Cesare Zavattini et Diego Fabbri.

Prix du scénario au festival de Venise, ce film est à l'origine de sa carrière de cinéaste. À partir de 1956, il assure fréquemment un rôle dans ses propres films, tout en continuant à jouer çà et là dans ceux d'autrui : Fuga in Francia (1948) de Mario Soldati, Jeux précoces (Il Rossetto, 1960), de Damiano Damiani ; La Viaccia (1961), de Bolognini, etc. En 1966, son film Signore e Signori se partage la palme d'or à Cannes avec Un homme et une femme de Claude Lelouch, en dépit de l'accueil plus que réservé du public.

L'œuvre de Germi est, quant au fond, comparable à son jeu comme interprète : sa franchise va jusqu'à la rudesse et à l'âpreté. On peut, sans dommage, passer sur un certain nombre de mélodrames « sérieux » mais assez conventionnels, tels que Jeunesse perdue (Gioventù perduta, 1947), Traqué dans la ville (La Città si difende, 1951), et même un vaudeville, d'ailleurs bien enlevé, Mademoiselle la présidente, (1952).

<it>Divorce à l'italienne</it>, P. Germi - crédits : Diltz / Bridgeman Images

Divorce à l'italienne, P. Germi

Deux périodes se partagent sa carrière. Dans la première, Germi attaque de front certains problèmes économiques et politiques ; sa robustesse n'est pas exempte de lourdeur, et seule l'excellence de ses interprètes sauve ses films du schématisme. Cette volonté démonstratrice, assez pesante dans Le Chemin de l'espérance (Il Camino della speranza, 1950), tentative « néo-réaliste », non sans justesse dans les détails, d'analyse de l'émigration sicilienne et dans Le Disque rouge (Il Ferroviere, 1956), s'élève au-dessus d'elle-même dans L'Homme de paille (L'Uomo di paglia, 1958). En outre, Germi a l'originalité d'aborder la description de milieux sociaux négligés : Au nom de la loi (In nome della legge ; 1949) attaque, non sans certaines précautions, la Mafia en Sicile ; Le Disque rouge étudie attentivement la vie des cheminots. Après une vigoureuse transposition cinématographique du roman de Gadda, L'Effroyable Pastis de la rue des Merles (Un maledetto imbroglio, 1959), Germi connaît une seconde période faste avec Divorce à l'italienne (Divorzio all'italiana, 1961). Il opte pour l'humour noir, ce que ses œuvres antérieures ne laissaient nullement prévoir. En même temps, un grand sens plastique, qui n'altère en rien la vigueur corrosive de sa satire ; apparaît chez lui. Sa mise en scène ; toujours nette ; témoigne de plus de virtuosité. Ces mêmes qualités se retrouvent dans la première partie de Séduite et abandonnée (Sedotta e abbandonata, 1963), sorte d'opéra bouffe sur les mœurs archaïques de la Sicile. Malheureusement l'énormité du propos fait qu'il s'égare en cours de route. L'agressivité du cinéaste s'exerce alors contre l'hypocrisie bourgeoise ; Signore e signori. Puis Germi semble hésiter, peut-être en voie de renouvellement : L'Immorale (1967) est un film ambigu, mais sincère et personnel, Serafino (1968), une comédie idyllique destinée à lancer un personnage d'innocent comme le cinéma méridional les affectionne. Avec Alfredo, Alfredo (1971), joué par Dustin Hoffmann et par Stefania Sandrelli, découverte dans Divorce à l'italienne, Germi retrouve les thèmes scabreux, mais aussi par moments la férocité de ses meilleurs films, parmi lesquels il faut compter Mes chers amis (Amici miei, 1975), même s'il ne put le mener à terme (le film fut achevé par Mario Monicelli).

— Gérard LEGRAND

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<it>Divorce à l'italienne</it>, P. Germi - crédits : Diltz / Bridgeman Images

Divorce à l'italienne, P. Germi

Autres références

  • COMÉDIE ITALIENNE, cinéma

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    • 3 496 mots
    • 3 médias
    ...scénarios. Les meilleures idées de scénaristes ne sont presque rien si la mise en images est déficiente : on en eut la preuve lorsque le vieux routier Pietro Germi, qui avait intégré des éléments de la « nouvelle comédie » à ses satires sociales robustes mais conventionnelles (Divorce à l'italienne...