PIGMENTATION ANIMALE
Les rôles de la pigmentation
Les pigments possèdent de très nombreuses fonctions. Nous ne les envisagerons pas toutes ici, renvoyant le lecteur à d'autres articles pour le cas des pigments respiratoires et visuels, qui peuvent participer à la pigmentation du corps, mais dont la fonction principale est tout autre.
Il est possible de distinguer deux niveaux parmi les rôles de la pigmentation, un premier niveau qui concerne les animaux eux-mêmes, un second niveau qui concerne leurs relations avec les autres animaux (appartenant à la même espèce ou à des espèces différentes).
Les pigments d'un animal jouent certainement un rôle photoprotecteur. En absorbant les rayons ionisants, en particulier les rayons ultraviolets, ils évitent que ceux-ci provoquent des dommages dans les cellules sous-jacentes. Il est significatif à cet égard que l'exposition au soleil stimule la production de mélanine dans la peau humaine, et que de nombreux animaux (poissons, reptiles) présentent une pigmentation noire de la membrane périviscérale ou de membranes entourant les nerfs, structures particulièrement sensibles. On peut également penser que la pigmentation des œufs de nombreux animaux marins joue également ce rôle photoprotecteur. À côté de cette fonction, les pigments tégumentaires peuvent posséder une fonction thermorégulatrice, tout particulièrement chez les espèces qui présentent des changements de couleur physiologiques. En effet, une pigmentation sombre permet une absorption efficace des rayons solaires, alors qu'une pigmentation claire les réfléchit. On conçoit dès lors que les changements de couleur permettent de contrôler l'absorption de l'énergie lumineuse, et participent à la régulation thermique chez les poïkilothermes. La présence de pigments (mélanines) peut également dans certains cas assurer une protection mécanique : ainsi, on a pu montrer que, chez les oiseaux, les plumes noires sont plus résistantes à l'abrasion que les plumes blanches, et il semble que cela soit lié à la présence des pigments qui renforcent la structure de la plume.
Outre ces fonctions physiologiques, la pigmentation joue un rôle fondamental dans les relations de l'animal avec les autres animaux (fonction écologique). La pigmentation peut servir à rendre l'animal moins visible dans le milieu environnant. On parle alors de coloration cryptique, ou de camouflage, ce qui correspond soit à une coloration homogène, par exemple une couleur verte pour des animaux posés sur des feuilles (homochromie), soit à une livrée bigarrée, qui masque la forme de l'animal. La similitude entre l'aspect de l'animal et le milieu peut être très poussée, comme chez les poissons plats posés sur un fond sableux, et renforcée par la forme particulière de l'animal (homotypie des phasmes, papillons-feuilles...). La coloration/pigmentation peut au contraire être très voyante ; l'animal paré de couleurs vives attire alors l'attention. On parle dans ce cas de coloration sématique. On la rencontre par exemple chez des animaux non comestibles pour d'éventuels prédateurs, elle sert alors de signal avertisseur, facilement reconnaissable, à rôle répulsif (coloration aposématique). Il arrive qu'un animal comestible présente la même pigmentation qu'une espèce non comestible. Ce phénomène de mimétisme protège l'animal comestible, pour lequel on parle de coloration pseudosématique (plus précisément pseudoaposématique). Cette coloration voyante peut au contraire avoir un rôle attractif (coloration épisématique), dans deux cas bien distincts, soit pour favoriser le rapprochement des sexes par exemple chez les oiseaux et les poissons, dont les mâles ont des livrées aux couleurs vives en période de reproduction (coloration épigamique), soit chez des prédateurs ou des parasites, qui simulent ainsi un partenaire sexuel ou une proie (coloration[...]
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Écrit par
- Alain BOUTHIER : agrégé de l'Université (sciences biologiques), docteur ès sciences, maître assistant des Universités
- René LAFONT : professeur des Universités
Classification
Médias
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ALBINISME
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