Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LORENGAR PILAR (1921-1996)

Elle avait tout pour être une diva : les dons, les rôles et une musicalité à faire pâlir les plus brillantes étoiles du monde lyrique. Tout occupée à s'offrir et à l'œuvre et à l'équipe qui l'a fait vivre, Pilar Lorengar n'a guère pris le temps de s'intéresser à sa carrière ni la peine de se mettre en valeur. Scandaleusement négligée par les maisons de disques, cette parfaite musicienne n’a laissé que trop peu de traces d'un art du chant que Leonard Bernstein croyait venu directement du paradis.

Pilar Lorenza García, dite Pilar Lorengar naît à Saragosse (Espagne) le 16 janvier 1921. La jeune mezzo-soprano fait ses classes au Conservatoire de Barcelone, puis travaille avec Ángeles Oteil à Madrid. En 1949, elle fait ses débuts sur scène en chantant des zarzuelas dans la capitale espagnole. En 1951, elle remporte un concours de chant à Barcelone. Devenue soprano, elle ne tarde pas à être remarquée. Paris et Londres l'invitent dès 1954. L'année suivante, elle triomphe aux États-Unis, notamment à l'Opéra de San Francisco et à celui de Chicago. Aix-en-Provence en 1955 (Chérubin) et Glyndebourne trois saisons de suite, à partir de 1957 (Pamina la première saison, la Comtesse les deux suivantes), révèlent une miraculeuse mozartienne. Les plus grandes scènes lyriques – Vienne, Munich, Barcelone, Madrid – l'appellent très régulièrement. Pilar Lorengar chante pour la première fois à la Deutsche Oper de Berlin en 1959 ; ce sera son port d'attache jusqu'à la fin de sa carrière. Elle se produira néanmoins douze saisons de suite – à compter de 1966, où elle chante Donna Elvira – au Metropolitan Opera de New York. Hans Rosbaud, Ferenc Fricsay, Georg Solti, Lorin Maazel et Leonard Bernstein ont tenu à la diriger dans un répertoire extrêmement vaste : les grands opéras de Mozart bien sûr, mais aussi Le Freischütz (Agathe). Les Maîtres chanteurs (Eva), La Bohème (Mimi) Pelléas et Mélisande (Mélisande), Jenůfa (rôle-titre), sans oublier Verdi (Violetta de La Traviata), Tchaïkovski, Smetana, Meyerbeer, Hindemith (Ursula de Mathis le peintre), Granados (Rosario des Goyescas) et de Falla. C'est dans le rôle de Tosca qu'elle fait, à la Deutsche Oper, ses adieux au théâtre, en 1990. Elle donne son dernier récital de lieder en 1991, à Oviedo, et disparaît à Berlin le 2 juin 1996, aussi discrètement qu'elle avait vécu.

Une voix égale sur toute l'étendue de la tessiture, un timbre léger et charnu, un souffle inépuisable, un intransigeant sens de la ligne musicale : Pilar Lorengar s'inscrit dans la prestigieuse lignée des Tiana Lemnitz et Elisabeth Grümmer. Attachée à la justesse psychologique de ses incarnations lyriques, à la sobriété de son maintien en scène et à la pureté du style, la grande chanteuse a préféré servir la musique plutôt que de se servir d'elle.

On pourra consulter : W. Elsner & M. busch, Pilar Lorengar : ein Portrait, Berlin, 1985.

— Pierre BRETON

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification