PINO-ZAC (1930-1985)
Giuseppe Zaccaria aura tenu cette gageure d'être à la fois célèbre de part et d'autre des Alpes, en menant parfois de front ses deux carrières. Émigré en France, il se rend célèbre par ses caricatures et illustrations dans Le Canard enchaîné, où il entra en 1963 et où il devait rester une dizaine d'années. Certains de ses dessins seront régulièrement repris dans des suppléments du célèbre hebdomadaire, ou dans de trop rares recueils où son anticléricalisme et son antimilitarisme font merveille, comme en témoignent, entre autres, Les Dessous du Vatican (1973) ou ses illustrations du Sacré nom d'une bible (1974). Pino-Zac collaborera également à des journaux plus proches de la bande dessinée, comme Pilote mensuel et L'Écho des savanes.
Mais sa vraie vocation, c'est d'abord la caricature politique. Très doué, Pino-Zac dispose à la fois d'idées originales et d'un trait agressif, qui font de lui, bizarrement, un caricaturiste dans la lignée des dessinateurs de la droite de l'entre-deux-guerres. En 1973, il participe, dans la tradition des Assiette au beurre du début du siècle, au numéro 23 de Satirix, consacré à « La Vérité toute nue ». Il réalise des caricatures de la classe politique où les symboles des partis remplaçaient les sexes des intéressés. Cet opuscule, qui serait passé relativement inaperçu (il n'était pas le meilleur de l'auteur), est alors saisi. La revue est financièrement balayée et le procès retentissant. Il se soldera par une relaxe juste... mais tardive.
En 1980, il rentre en Italie. À vrai dire, il ne l'avait jamais vraiment quittée, mais était davantage connu dans son pays natal comme auteur de dessins animés. Il en a réalisé une vingtaine au total. Citons les plus connus : le sketch de Caprice à l'italienne (1967) intitulé Voyage diplomatique, ou encore l'adaptation, très controversée, du chef-d'œuvre d'Italo Calvino, Le Chevalier inexistant.
Dans les années 1980, Pino-Zac entre dans l'équipe des dessinateurs de Avanti ! et fonde avec des amis la légendaire revue Il Male ; ces délirants humoristes se feront connaître à cette époque en réalisant de faux numéros de journaux tels que, L'Unità ou même Trybuna Ludu, qui fut distribué en Pologne. Il Male se transforma ensuite en Frigidaire, revue plus moderniste où les dessins de Pino-Zac n'avaient plus leur place.
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Écrit par
- Yves FRÉMION : écrivain et critique de la bande dessinée
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